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16 janvier 2010 6 16 /01 /janvier /2010 20:45

2° dimanche ordinaire .Année C

 

 

Frères et Sœurs,

 

                                      Les noces de Dieu avec son peuple, l’Alliance, ce ne sont pas des expressions  qui sonnent faux aux oreilles de ceux qui ont lu la Bible, et notamment les textes prophétiques. Car les prophètes ont souvent comparé à un mariage l’Alliance de Dieu avec son peuple. Ces  prophètes ont également compris et interprété, même les déviations, les péchés d’Israël comme des  actes d’adultère (cf. Ezechiel, Osée). C’est pourquoi ces noces promises et annoncées par les prophètes étaient attendues comme le jour

où Dieu allait restaurer l’union bafouée : « Crie de joie, ton Créateur est ton époux » dit Isaïe. Et dans la première lecture de ce jour : « Comme un jeune homme épouse une jeune fille, celui qui t’a construite t’épousera. Comme la jeune mariée est la joie de son mari, ainsi tu seras la joie de ton Dieu. »

Il faut avoir un peu tout cela dans la tête pour comprendre pourquoi st. Jean dit, dans le récit de noces de Cana : « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit ». Signes, parce que st. Jean  ne fait pas que raconter. Il fait comprendre qu’il faut  aller plus loin, qu’il faut  saisir plus que simplement le miracle de l’eau changé en vin..

Question : comment expliquer que Jésus s’intéresse à une noce de village, jusqu’à venir, avec sa mère, participer à la fête des mariés ? Tout simplement parce que Dieu vient partager notre joie. C’est un signe. En effet Dieu n’est pas venu éteindre notre joie, mais l’augmenter, l’amplifier. Pourquoi faut-il toujours voir dans la religion, dans la foi,  des gens aigris, tristes et sans joie. Non ! Ce premier signe que Jésus fait donne le ton de l’Evangile : Evangile de la joie.

Et si cette joie est menacée, si elle risque de mal tourner, question : est-ce que Dieu va faire un geste pour que la joie demeure ?. Réponse : oui !. Dieu n’est pas chiche. Quand Jésus change l’eau en vin, c’est 600 litres de très bon vin ! Quand il va multiplier les pains dans le désert pour une foule affamée, on mangera jusqu’à ramasser 12 corbeilles de morceaux qui restent.. Et puis, je ne parle même pas de la pêche miraculeuse.. Dieu qui donne sans mesquinerie, avec abondance : cela aussi est un signe Les prophètes avaient déjà annoncé la venue de Dieu comme une ère prospère, où le vin symbole de la joie coulerait en abondance (Osée, Isaïe). St. Jean signifie que ce temps est arrivé. : c’est le récit des noces de Cana.

Voici que les invités de ce mariage sont dans l’embarras, parce qu’il n’y a plus de quoi continuer la fête. Ils n’ont pas de vin. Qui intervient ? La Vierge Marie. St Jean dit toujours : « La Mère de Jésus » (d’une façon un peu solennelle). Elle est ainsi interpellée (de façon aussi solennelle) comme « la Femme », la Nouvelle Eve.  «  Que me veux-tu ? dit Jésus » Cette question marque une distance : « Mon heure n’est pas encore venue ». La Mère de Jésus comprendra que l’Heure n’est pas encore venue, (l’Heure de la croix), mais elle va l’inaugurer  par sa prière discrète.

Grâce à l’intervention de sa mère, Jésus accomplit donc son premier miracle. Cela aussi est un signe. Je veux dire que nous apprenons « quelque chose » de la puissance d’intercession de Marie à côté de son Fils.

Enfin le marié est interpellé. Mais c’est un personnage anonyme. En réalité le vrai maître du festin, le véritable époux, encore ignoré des convives, c’est Jésus lui-même. L’évangéliste voit en Jésus lui-même le véritable époux qui ouvre sur terre le temps des noces, (Math. 9/15), un Epoux cependant qu’il faut encore attendre dans la vigilance (Math.25/ 1-6). Un époux qui entretient déjà avec son Eglise des liens d’amour, comme dans un mariage (Ephésiens 5/25-32).

La relation d’Israël avec Dieu était déjà considérée comme du bon vin. Pourquoi ?  Parce que Israël éprouvait dans ses relations avec Dieu une certaine ivresse comme dans le bon vin. De fait, le bon vin est le symbole de la joie ! Et la bible le dit : « Le vin réjouit le cœur de l’homme. » Mais voilà ! Dieu a gardé le meilleur pour la fin, et le meilleur c’est son Fils qu’il envoie. Arrivera alors l’Heure (celle de la croix) où Jésus va sceller définitivement l’Alliance nouvelle éternelle dans son sang  versé une fois pour toutes.

C’est donc à l’intérieur de ce mystère d’Alliance qu’il faut comprendre la vie de l’Eglise, le ministère pastoral, la pratique sacramentelle. Tous les sacrements sont des signes de l’Alliance, et en particulier le baptême et l’Eucharistie. Le Baptême est la porte d’entrée dans le Peuple de l’Alliance. Le recevoir aujourd’hui cela veut dire que l’Alliance continue encore maintenant. L’Eucharistie est également, d’une façon privilégiée, le signe de l’Alliance, où le sang de l’Agneau, « le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle est versé pour la multitude en rémission des péchés. »A ce sujet, vous pourriez me dire alors : comment comprendre, expliquer, que nous sommes dans une période d’allégresse, de joie, et même d’ivresse, comme si nous étions dans un mariage, alors que, en même temps, nous avons l’impression que toute l’humanité ne connaît ni l’ivresse des noces dont vous parlez, ni même la simple joie ? Vous avez en tête comme moi-même   évidemment ce malheur qui vient d’arriver en Haïti. Il s’agit  des plus pauvres parmi les pauvres. Je dis avec Foi que rien de ce qui arrive dans le monde n’arrive sans que cela soit porteur de l’amour de Dieu. Cela est incompréhensible, mais c’est la vérité. Peut-être que cette mort, cette souffrance, cette calamité sismique sera, avec l’aide internationale et cette immense solidarité, l’occasion d’une résurrection pour ce pays si démuni. Je le crois. Les yeux qui verront cette résurrection ne seront peut-être pas les nôtres. Depuis que le Christ est ressuscité, aucune mort n’a le dernier mot.

Puisse le Seigneur qui as manifesté sa puissance de tout changer : l’eau en vin, et le vin en ton sang, changer aussi nos cœurs de pierre, en cœur de chair et nous rendre tous capables d’aimer comme il nous aime. Amen.

 

 

 

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10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 13:53

Baptême de Jésus 2010

 

Frères et sœurs,

 

                   Comme Jésus, nous avons été baptisés. Nous pourrions alors, en ce dimanche où nous évoquons son baptême, nous demander : « qu’est-ce cela signifie pour nous, être baptisé « ? Ou encore : « Etre baptisé à quoi ça sert ? » Telle pourrait être la question de beaucoup d’entre nous ici présents. En effet quand je vois, disent certaines personnes, les difficultés, les souffrances, les problèmes dans lesquels je me débats, je me pose la question : « être baptisé, ça change quoi ? » J’ai envie, moi, de répondre : « être baptisé, ça ne change rien, et en même temps ça change tout » :! Je m’explique.

Etre baptisé, ça ne change rien, je veux dire que je reste évidemment homme, femme, avec ce que je suis, et ce qui me caractérise par rapport à ma race, à ma culture, à ma situation sociale et géographique. Ca ne change rien parce que je reste un homme, une femme qui vit comme les autres personnes dans un pays précis, partageant les joies et les tristesses de ce pays. Le baptême ne me fait pas devenir un extra-terrestre, ou « super-quelque chose ». C’est important de souligner ça : je ne deviens pas  un ange. Je reste un humain.

Et c’est du reste ce que je remarque en Jésus, baptisé lui aussi. Il n’est pas un super-homme : On ne nous dit nulle part dans l’Evangile qu’il ait inventé quelque chose ( une machine, un appareil quelconque, rien !)  Après tout, cela eût été possible ! Non ! Jésus est un vrai homme, semblable à nous, dit st. Paul, en toutes choses, excepté le péché.

Homme, il vécu la vie ordinaire des hommes ordinaires de son époque. Il a sans doute travaillé de ses mains pendant les 30 premières années de sa vie, partageant la vie des gens de son village, la vie des marins-pêcheurs dont certains devinrent ses disciples, allant et mangeant chez ceux qui l’invitaient (comme par ex. Simon le Pharisien).

Comme tout homme, il a connu la fatigue, la faim et la soif au point un jour de s’asseoir sur le bord d’un puits dans l’attente de quelqu’un qui lui donnerait un peu d’eau à boire.

Vous vous demandez peut-être pourquoi je souligne cela ? Et bien parce que le Baptême, ou mieux encore l’Esprit que Jésus a reçu en plénitude, ne lui a pas épargné les difficultés de la vie et facilité les relations avec les gens. Le baptême ne lui a pas  automatiquement changé la vie et la complexité de celle-ci. En effet, Jésus a rencontré des hommes méchants qui l’épiaient, et qui lui tendaient des pièges. Il a été mis en accusation, dénoncé, trahi, traduit en justice, vendu pour quelques pièces d’argent. Enfin, il a été condamné dans un procès truqué et injuste. L’Esprit, qu’il avait reçu en plénitude dont on nous dit dans l’Evangile « qu’il descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle » le jour de son baptême, ne lui a épargné ni l’assassinat ni la mort.  Quand je dis  donc « qu’être baptisé ça ne change rien », je veux dire que je demeure créature humaine, homme, femme avec tout ce qui fait la difficulté et la complexité de la vie humaine.

Et pourtant.. et pourtant « être baptisé, ça change tout ».Car précisément l’Esprit Saint, reçu au baptême me donne une certitude, celle d’être enraciné dans l’amour du Père, certitude qui fait dire à St. Paul : « Qu’est-ce qui peut nous arracher à cet amour ? Rien, dit-il,…. pas même la mort.. » J’ai cette assurance d’être enveloppé de l’amour du Père, même au cœur de la souffrance et de toute détresse. Je peux vivre ma vie dans la Foi en Dieu Père, dans la  confiance, la sérénité et la paix, parce que je suis aimé d’un amour formidable. C’est aussi cela qui me frappe chez Jésus. Il vit la vie ordinaire des hommes ordinaires, mais d’une façon originale. Habité par l’amour du Père, il passait dit l’Evangile, en faisant le bien. Il n’était indifférent à aucune souffrance, à aucune personne malade. A ceux qui étaient désespérés, parce que marginalisés, aveugles, pécheurs ou malades, il apportait la joie du pardon ou de la guérison : « Tes péchés sont pardonnés ». « Lève-toi et marche ! »

Etre baptisé ça change tout, parce que désormais je sais que, comme Jésus, l’Esprit de Dieu repose sur moi, l’Esprit de Dieu m’a consacré. Il m’a aussi envoyé proclamer la paix, la joie.

Etre baptisé, ça change tout parce, désormais, je suis appelé à vivre mon existence dans une autre dimension (je veux dire une autre relation). Je m’explique. Vous savez que nous existons dans deux dimensions (ou si vous voulez encore dans deux relations) :la première c’est la relation au temps( j’ai tel âge) et la relation à l’espace (j’habite dans un pays, dans un lieu, dans une famille). Mais j’ai une deuxième relation : je vis pour quelqu’un. Deux fiancés par ex. qui s’aiment, ils font l’expérience de cette 2° relation : ils ont le sentiment d’exister l’un pour l’autre, l’un  par rapport à l’autre. « Je ne peux vivre sans toi » disent-ils. Et bien comme baptisé, en tant que baptisé, je vis cette 2° relation moi aussi : « J’existe pour Dieu, comme Fils de Dieu. Je ne peux pas vivre sans toi, disons-nous. Tu es tout pour moi ! » Comme pour Jésus, aussi mon baptême a été une investiture, une déclaration d’amour de la part du Père : « Tu es mon fils, aujourd’hui je t’ai engendré ».

Reconnaître ma réalité de fils de Dieu, ce n’est pas pour autant trahir ma réalité de fils d’homme. Je suis l’un et l’autre. Je suis solidaire de mes frères dans la chair, sans trahir ma solidarité avec Dieu qui me fait autre dans l’existence humaine, en l’appelant Père.

Etre baptisé, ça change tout, pour quelle raison enfin ? Parce que, ce « Je » qui est moi, suis introduit dans une communauté, dans un peuple : l’Eglise. Avec de frères, hommes et femmes baptisés comme moi, je vis un « Nous » très spécifique. Ce « Nous » c’est l’Eglise, où il n’y a plus de distinction de race,  « ni juif, ni grec, ni esclave, ni homme libre  comme dit st. Paul » :  l’Eglise de Jésus-Christ, appelée par vocation à être levain dans la pâte et lumière du monde.

Ce « Nous » est toujours à faire et à refaire, car chacun de nous, dans cette vie terrestre arrive encore à faire l’expérience du péché, et de la faiblesse humaine. Mais tout change, parce que, par grâce, le péché lui-même est l’occasion et le lieu de proclamer l’amour merveilleux de Dieu. Il se révèle là plus qu’ailleurs, un Père plein de miséricorde et de tendresse. Lorsque nous nous approchons du sacrement du pardon, nous disons «Je me confesse »,(en latin confiteor)un seul mot qui signifie à la foi : confesser, proclamer, célébrer.. « Je confesse, je proclame, l’amour merveilleux de Dieu.. » C’est dans ce sens que st. Augustin a écrit son fameux livre intitulé « les confessions de st. Augustin. »

Quant à l’objection sans cesse véhiculée par les sectes : que « Jésus a été baptisé à l’âge de 30 ans, par conséquent il faut recevoir le baptême quand on est grand à l’âge de raison », ce n’est absolument pas de cela dont il est question. Un Père de l’Eglise disait que, lorsque Jésus est descendu dans l’eau du Jourdain, ce n’est pas l’eau qui a sanctifié Jésus, c’est Lui qui a sanctifié cette eau pour qu’elle devienne le signe du baptême. De même, en descendant dans l’eau du Jourdain, c’est toute l’humanité récapitulée en Lui, (homme, femme et enfants) qu’il entraînait dans la Vie nouvelle. Le baptême Jésus est une manifestation trinitaire, un dévoilement de la divinité de Jésus : il est le Fils bien aimé du Père, habité par l’Esprit. En dépit de notre âge, il n’y a pas de vieux baptisés, ni d’anciens baptisés devant Dieu. Nous demeurons pour toujours, hier comme aujourd’hui et demain, ses enfants, et ses héritiers avec le Christ. Amen

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2 janvier 2010 6 02 /01 /janvier /2010 14:59

 

Epiphanie 2010

 

 

Frères et Sœurs,

 

                                                        Aujourd’hui, c’est la fête de l’Epiphanie. Ce mot « épiphanie » vient du grec. Il signifie « manifestation ». Jésus se manifeste comme le sauveur du monde, comme la lumière, le guide, l’étoile de toutes les Nations.

La lumière nous vient donc de Béthléem, de cette crèche même où l’étoile a conduit les mages. Et quand je dis que « la lumière vient de cette crèche de Béthléem », je veux dire qu’il s’y passe quelque chose de très important. Et quoi ?

 C’est que d’abord les bergers, les gens simples, les pauvres de l’époque ont été les premiers à venir saluer Dieu dans cet enfant de la crèche. Et puis ensuite ce sont des mages(des étrangers) des non-juifs qui vont à la rencontre de l’Enfant-Dieu. Ces mages représentent tous les peuples de la terre. C’est pourquoi l’épiphanie est la manifestation de la mission universelle du Christ, sauveur de tous les hommes et de toutes les races de la terre.

Ces mages à la crèche, ce sont les puissants qui vont à la rencontre de l’enfant-Dieu. C’est d’ailleurs un peu sous cet aspect que les chrétiens ont  médité cette venue des Mages à Béthléem. En effet la piété populaire a fait des Mages « des Rois ». Mais l’évangéliste Mathieu ne dit pas que c’était des Rois. La piété populaire a été sans doute influencée par la lecture du psaume d’aujourd’hui : « Les rois de Tarsis et des îles apporteront des présents, les rois de Saba et de Seba feront leur offrande. Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront. »

Et puis ce n’est pas tout. La piété populaire, (sans doute aussi la méditation), a ajouté qu’ils étaient « trois ». Mais Mathieu ne dit pas non plus qu’ils étaient « trois ». Des mages ! dit-il tout simplement. Les chrétiens ont voulu souligner le caractère universel de la mission du Christ, « venu proclamer la paix pour vous qui étiez loin et pour ceux qui étaient proches ».Et les chrétiens ont souvent bien compris. On raconte que, à la crèche, les esquimaux avaient mis en plus des rois mages, un autre, habillé en esquimaux. Enfin st. Mathieu dit que les mages ont découvert l’enfant dans la « maison ». En entrant dans la « Maison », dit l’évangile, il ne dit pas dans l’étable..

L’évangéliste pense certainement à l’Eglise. C’est en effet de cette « Maion-Eglise » que vient la lumière et c’est vers cette Maison que l’étoile guide les Mages.

St. Mathieu donc ne fait pas que raconter. Il explique. Il commente. Il fait une sorte d’homélie sur la venue de Dieu dans le monde. Il donne un enseignement qu’il faut comprendre. Alors qu’est-ce qu’il faut comprendre ?

1°) Chez tous les peuples, il y a des chercheurs de Dieu. Ces hommes qui viennent à la crèche, je l’ai dit, ne sont pas des Juifs. Pourtant ils disent « nous avons vu se lever son étoile ». Dieu donne des signes de sa présence, de son amour à tous les hommes, encore faut-il qu’on soit attentif. Il fallait qu’ils soient attentifs, eux, pour remarquer cette étoile.

Avant de naître dans le monde, Dieu avait déjà donné des signes aux anciens. Dans l’épître aux Hébreux, nous lisons : « Souvent dans le passé Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées.. ». Il s’était déjà en effet fait connaître par des nombreux messagers porteurs de sa parole. « Aujourd’hui, continue la lettre aux Hébreux, il nous a parlé par son Fils ». Ainsi je crois que dans toute démarche humaine pour aller à la rencontre de Dieu, il y a d’abord une attention portée aux signes que Dieu fait dans la vie des personnes et dans les événements.

Certes un signe est toujours difficile à déchiffrer. Il est ambigu, il n’est pas clair au départ. C’est par conséquent la parole de Dieu  qui va nous éclairer et nous dire le sens profond de l’événement. Un théologien disait que le croyant c’est une personne qui a le journal dans une main et la Bible dans l’autre, parce que l’un éclaire l’autre .Le journal c’est la vie, la Bible c’est la parole de Dieu. Or que se passe-t-il le plus souvent : il y a des gens qui cherchent ces signes de Dieu en dehors de ce monde, en quittant carrément la vie et l’histoire concrète. Avez-vous réfléchi que c’est dans le monde que le Fils de Dieu est venu nous rencontrer ? Ce n’est donc pas dans les rêves, dans les lignes de la main, dans une boule cristal ou dans un paquet de cartes qu’on peut découvrir ce qu’il nous dit. Chez nous aux Antilles, c’est chez les « gadèd-zaffè » que les gens (y compris des chrétiens) cherchent leur vérité.

2°) La recherche de Dieu n’aboutit pas à  l’absurde. Je veux dire qu’on ne cherche pas Dieu en vain. Et cette rencontre n’est pas une illusion. Il y a des gens qui vous disent : « Si Dieu existe, on ne peut rien dire de lui ou alors, si on dit quelque chose de lui, c’est absurde, car il est trop loin.. » Non ! Précisément ! Il s’est approché. Il s’est incarné pour que nous puissions dialoguer avec lui avec des mots humains. Alors tout change.

3°) Cette découverte aboutit à un Dieu qui nous déroute, qui nous déconcerte. Au départ les Mages ne pensaient pas trouver le Roi d’Israël dans une étable. Qui en effet aurait pu imaginer qu’un roi puisse naître dans une étable, qui aurait pu penser que Dieu n’a pas pu trouver une place convenable dans ce monde qu’il a crée, si vaste et si beau ? Qui  pourrait penser que Dieu, aujourd’hui encore, puisse se laisser rencontrer dans le pauvre qui a faim, qui est en prison ou malade, s’il ne l’avait pas dit lui-même ? Qui aurait pu deviner qu’il est présent avec nous quand nous sommes rassemblés en son nom s’il ne l’avait pas dit-lui-même ?

« Ils repartirent par un autre chemin ? » « Ils », i.e. les mages. Est-ce à dire que leur chemin avait changé ? Je ne suis pas si sûr ! Ce qui avait sûrement changé, c’était leur cœur. Au contact de Jésus (si c’est vraiment lui Jésus qu’on a rencontré) on ne retourne pas chez soi comme on est venu. Les gens qui ont découvert Jésus dans la foi vous disent : « Je vois la vie d’une  autre façon ». Ou bien cet homme célèbre, converti, qui a écrit  un livre intitulé « Dieu existe, je l’ai rencontré ». Ce n’est pas la vie qui a changé, mais le cœur qui est devenu tout autre, éclairé par la présence du Christ et la lumière de la Foi.

Ils retournèrent chez eux par un autre chemin ». Ce « ils » pourraient être également chacun de nous. Nous pouvons en effet comme les Mages après une prière fervente, une méditation de la Parole de Dieu, une participation profonde, vivante, à l’Eucharistie, retourner dans nos maisons, tout autre,  inondés de cette lumière du Christ qui fait toutes choses nouvelles. Et puis comme nous sommes en période de vœux, je voudrais en terminant, vous souhaiter à tous les vœux de bonne année. Joignons nos efforts, pour que cette année 2010,  il y ait plus de justice, plus de paix dans la société et dans nos familles. Que notre pays, la Guadeloupe, sorte de ces interminables conflits et de ses violences. Inondés de la  lumière du Christ,  frères et sœurs, prenons un autre chemin.

 

 

 

 

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31 décembre 2009 4 31 /12 /décembre /2009 11:38

1° Janvier 2010

 

Frères chrétiens,

 

En ce premier jour de l’année nouvelle, l’Eglise célèbre la Vierge Marie, sous le titre de « Marie Mère de Dieu ». Elle veut aussi, notre mère la sainte Eglise, qu’en même temps ce nouveau jour de l’an soit une journée mondiale de la paix.

Les chrétiens des Eglises d’Orient font de ce 1° jour de l’an un jour de félicitations et d’honneur adressés à la Mère de Dieu,  comme nous faisons nous-même, lorsqu’une maman a mis au monde enfant, nous allons tout naturellement la féliciter, et l’honorer en lui apportant un bouquet de fleurs  ou un cadeau. Ce geste de tendresse et d’amour, nous voulons l’adresser également à Marie qui a enfanté le Fils de Dieu. Tout au long de cette année, en nos périodes de peine et de joie nous irons vers elle. Marie, dit l’Evangile, « gardait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». En contemplant son Fils, elle méditait tous les événements qui ont précédé et suivi sa naissance. A travers tout ce qui s’est passé, elle découvrait que Dieu était avec elle, et qu’il ne l’avait pas abandonnée. Dieu est avec nous aussi. C’est le sens du mot Emmanuel. Il est avec nous pour nous accompagner tout au long de cette vie.

Mais notre vie,  qu’est-ce que cela veut dire pour nous ?

Tel d’entre nous par ex. n’a pas de santé, tel autre n’a pas de travail ou de logement, tel autre est un conjoint abandonné ou mal aimé, tel autre porte le poids de la solitude ou de la vieillesse, tel autre enfin est habité par le découragement et le désespoir. Notre vie, ce n’est pas seulement  notre petite existence à nous, c’est aussi celle des autres, celle de la société à laquelle nous appartenons, celle de la communauté nationale et internationale, avec ses crises politiques et économiques, ces conflits qui n’en finissent pas, ces prises d’otages, ces grèves.

Notre vie, c’est également les soucis de ceux qui nous sont confiés : les jeunes, vos  enfants dont l’éducation est (le moins qu’on puise dire) très difficile. (Permettez-moi de redire ce que je disais dimanche dernier à la messe de la Ste famille). Quelquefois, vous les parents, vous exprimez cette difficulté de l’éducation en disant : « J’ai des problèmes » avec mes enfants. Pourquoi ? Parce qu’ils n’obéissent pas souvent comme vous l’auriez souhaité ! Parce qu’ils copient ce qu’ils voient, et pas toujours le meilleur ! Vous n’aimez pas leurs cheveux en désordre, leur nattes, leur allure dégingandée, leurs boucles d’oreilles, leurs shorts qui descendent jusqu’au talon. Je ne parle même pas des reproches qu’on vous fait à leur sujet, et dont vous les excusez allègrement ! S’il arrive que vous parents, vous gardez le silence, sur telle ou telle chose, ce n’est pas forcément que vous donnez raison à tout ce qu’ils font ! Mais vous continuez à les aimer. Et c’est bien cela vraiment « aimer », c’est-à-dire donner du prix à l’autre quoiqu’il arrive !

Notre vie, c’est aussi celle de l’Eglise dont nous sommes les membres : l’Eglise qui a aussi ses problèmes d’évangélisation et de recrutement sacerdotal. Il n’y a pas assez de prêtres !

Bref, notre vie, elle est ici et ailleurs, tant il est vrai que ce qu’on fait ici ou ailleurs rejaillit sur nous.

 Nous sommes donc venu ici ce matin, le cœur et l’esprit remplis de nos inquiétudes, de nos désirs, de nos questions, de nos souffrances aussi. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait. Nous nous sentons si petits devant ces problèmes de notre vie.

Venir ici en ce premier jour de l’année nouvelle, et prier cela veut dire que nous avons la foi. Et vous l’avez compris, la foi : faire confiance à Dieu, s’appuyer sur lui, c’est important. ! « Dieu, dit st. Jean, personne ne l’a jamais vu ». Mais nous le connaissons parce qu’il est venu partager notre vie avec tout ce qui fait sa complexité et qu’on appelle la « condition humaine. » et nous le connaissons aussi, comme dit St. Jean, par l’amour ! »Celui qui aime, dit-il, connaît Dieu ! » Certaines personnes disent que Jésus-Christ a eu une condition humaine « rose » parce qu’il a eu un papa et une maman. Tant d’enfants, par contre, n’ont ni l’un ni l’autre. De plus, disent d’autres, Jésus n’a pas connu le chômage, le travail à l’usine, les licenciements, il n’a pas connu la vieillesse avec l’arthrose et des rhumatismes. La croix, le procès injuste dont il a été victime, montre bien que Jésus n’a pas fait semblant d’être homme, il a accepté d’être homme sans mensonge. C’est là tout le mystère de l’incarnation.

Prier Dieu, ce n’est pas attendre qu’il change notre condition humaine, i.e. qu’il efface devant nous, comme avec une gomme, les difficultés de la vie ; mais qu’il nous aide au contraire à les porter généreusement et courageusement.

Ce n’est pas dans une prière ou par une prière qu’on fera par ex. que l’humanité ne soit pas divisée en plusieurs races, jaunes, blancs et noirs. La vie humaine est ainsi faite. Ce que l’Evangile m’apporte d’original, c’est que j’apprends à vivre ces relations humaines autrement qu’en situation de conflit et de haine. Cela veut dire encore que je peux vivre ces relations humaines autrement que dans un esprit de conflit et de haine. L’Evangile me donne au contraire la certitude que Dieu est avec moi pour me faire gagner un autre combat,  le combat de l’amour.

Chaque premier jour de l’an, Frères et sœurs,  placé sous le signe de la paix, nous rappelle nos désirs les plus profonds et nos responsabilités. Je veux dire que nous avons au plus profond de nous même ce désir de paix, et en même temps nous sentons que nous avons  un rôle à jouer dans la réalisation de la paix. La paix dans la société, dans les familles nous la désirons ardemment. Oui, mais n’est-ce pas en nous que cette paix doit commencer, i.e. dans nos cœurs ?. Si nous ne sommes pas en paix avec Dieu, nous allons produire au dehors la violence, l’injustice et toutes sortes de méchanceté. Celui qui est heureux dans son cœur contamine les autres par sa joie et sa paix. 

Que sera cette année nouvelle ? La réponse est simple : elle sera ce que nous en ferons. Ce n’est pas dans une boule de cristal, dans du marc de café, ou dans les lignes de la main que nous allons savoir ce qui va se passer. Notre vie n’est pas faite. Elle est à faire. Je ne suis pas ligoté et prisonnier d’un destin aveugle, mais je demeure libre sous le regard de Dieu. Et c’est à cette personne libre que je suis, que Dieu remet la pleine responsabilité de sa vie en disant : « Qu’il t’arrive selon ta foi ».

Que cette année soit pour nous tous, sous le regard de Marie, la mère de Dieu et notre mère, une année d’abondantes grâces. Que cette année soit pour nous tous, une année de progrès dans la foi, l’espérance et l’amour. Puisse le Seigneur bénir nos vœux, ceux qui nous sont adressés, et ceux que nous adresserons aux autres. Et quoiqu’il arrive, quelles que soient nos épreuves, nous sommes sûrs, que l’amour de Dieu ne nous manquera jamais. Amen

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26 décembre 2009 6 26 /12 /décembre /2009 11:54

Ste famille 2009

 

 

Frères et Sœurs,

 

                                               Toute maman qui a engendré un enfant sait que cet enfant lui appartient. Il vient de ses entrailles. Mais elle a du mal à accepter en même temps que cet enfant n’est pas elle-même, c’est un autre, l’enfant est une autre personne. Je suis « JE », il est « TU ». Cet enfant lui échappe dès le jour où il est mis au monde. Le couple de Joseph et de Marie n’est pas un couple tout à fait comme les autres. Mais tous deux ressentent quelque peu la même chose. Ils ont le sentiment que leur enfant leur échappe qu’il est un Autre, et qu’il n’est totalement pas à eux.

C’est d’abord cela qu’il faut comprendre, et qu’il faut accepter. Même si l’amour demeure profond pour les enfants qu’on a engendrés, aimer ses enfants c’est accepter la distance qu’il y a entre eux et nous. Les parents le savent bien, même s’ils en souffrent la plupart du temps : lorsqu’ils voient que les enfants prennent du champ, s’éloignent, vivent leur vie en contradiction, en opposition avec l’éducation qu’ils ont reçu ou lorsqu’ils s’engagent sur des chemins risqués. Les parents ont des difficultés à accepter cela. Beaucoup d’entre vous, parents, vous avez  comme on dit « des problèmes » avec vos jeunes. Ils n’obéissent pas souvent comme vous l’auriez aimé !. Ils copient ce qu’ils voient, et pas toujours le meilleur !. Vous n’aimez pas leurs cheveux en désordre, leur allure dégingandée, leurs boucles d’oreilles et leurs shorts qui descendent jusqu’au cheville. Je ne parle même pas de la bière qu’ils boivent ou de la cigarette qu’ils fument en cachette ! Je ne parle pas des reproches qu’on vous fait à leur sujet, et dont vous les excusez allègrement ! S’il arrive que vous les parents, vous gardez le silence, sur telle ou telle chose, ce n’est pas forcément que vous donnez raison à tout ce qu’ils font. Mais vous continuez  à les aimer. Et c’est bien cela vraiment « aimer » : donner du prix à l’autre quoiqu’il arrive.

Il nous est dit dans l’évangile que le jeune Jésus a fait une fugue lors de son pèlerinage avec ses parents à Jérusalem. Une fugue ce n’est pas toujours bon !  Mais d’abord, il faut savoir que Jésus avait douze ans : c’est l’âge de la majorité chez les Juifs, l’âge où le jeune juif devient adulte légalement et se trouve soumis aux prescriptions de la Loi. Les parents se sont mis à la recherche de leur enfant comme ils le pouvaient. Cependant  Marie et Joseph n’ont pas dit un mot, ni exprimé un geste qui laisse entendre qu’ils aient rejeté l’un sur l’autre la responsabilité de la fugue. Il faut souligner cela, car trop souvent, on a le sentiment que ce qui arrive c’est la faute de l’autre : « Pourquoi tu n’as pas fait  ceci, pourquoi tu n’as pas fait cela ? Je te l’avais bien dit ? C’est de ta faute. »  Nous connaissons tous ces petites guéguerres entre parents lorsque quelque chose arrive  à leurs enfants. Souvent dans les foyers, dans les familles, les parents se rejettent la responsabilité et l’éducation des enfants : « ton fils », « ta fille », au lieu de « notre fils », « notre fille. »  Ce que Marie et Joseph disent et que rapporte l’évangile ce sont ces paroles suivantes : « Pourquoi nous a-tu fait cela ? ». Dans ce « nous », tout est dit d’un partage total : même recherche, même angoisse, même joie des retrouvailles.

A Marie, qui rappelle au jeune Jésus les devoirs d’un fils, Jésus répond en la renvoyant au premier commandement, les devoirs envers Dieu. « Tu adoreras Dieu, et lui seul ».  « Ne savez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ». Il s’agit évidemment  du Père des cieux. La réponse de Jésus est mystérieuse pour eux. Marie va l’accueillir et la méditer dans son cœur.

Mystérieuse, surprenante aussi l’attitude du jeune Jésus, assis parmi les docteurs de la Loi. Marie et Joseph prennent conscience que leur enfant était un Autre, mais tout cela dans la foi.

Car comme nous, Marie chemine dans la foi. Tout n’est pas clair et simple pour elle. Bien que cet enfant ne soit pas le fruit de leur union charnelle, Marie et Joseph savent tous deux que Jésus est quand même leur fils, mais d’abord et  en premier lieu il est le Fils de Dieu. Ils doivent vivre cette double réalité dans le concret de leur vie quotidienne, ce qui n’a pas dû être toujours facile.

Si l’Eglise nous fait célébrer la sainte famille, c’est pour nous faire comprendre l’importance, la dignité, le caractère sacré de la famille humaine, puisque Dieu a voulu naître dans une famille. Mais ce que l’Eglise veut nous dire encore, c’est que la présence du Seigneur dans la famille change les relations entre les personnes. C’est bien cela que le sacrement de mariage donne aux couples : une réelle présence du Christ. Ce sacrement donne aux couples, à la famille, la certitude d’être habitée par une présence et d’être dans leur vie accompagnée par le Christ lui-même.

Nous connaissons hélas le naufrage de tant et tant de couples par le divorce. Il ne nous appartient pas de porter un jugement sur celui-ci ou celui-là. Dieu connaît ses enfants mieux que nous. Il nous faut regretter cependant le malheur et la souffrance de tous ces enfants qui sont les premières victimes du divorce de leurs parents. Et bien, Frères et sœurs, en cette fête de la sainte famille, prions pour toutes les familles, celles qui sont heureuses et celles qui sont frappées par le malheur et la rupture. Que le Seigneur accorde tous les parents, ceux d’ici et ceux d’ailleurs, la force et le courage de ne pas baisser les bras, mais d’être toujours présents auprès de leurs enfants. Amen

 

 

 

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21 décembre 2009 1 21 /12 /décembre /2009 22:15

Noël 2009,

 

Frères et sœurs,

 

Dans le livre de la Genèse, il nous est dit que, lorsque Adam et Eve eurent péché, ils se cachèrent. Alors le Seigneur appela l’homme : « Où es-tu ? dit-il. J’ai entendu ton pas dans le jardin, répondit l’homme ; j’ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché. » Des expressions qui disent avec des mots simples l’amitié, l’intimité profonde qui existait entre l’homme et son Créateur. Il faut  essayer, autant que possible, de mesurer cela pour  comprendre la réalité de « cette nudité » dont parle la Bible,  nudité qui n’est autre que le sentiment d’avoir tout perdu. « J’ai eu peur »..Voilà l’angoisse de l’homme, en même temps que sa souffrance ! Je me demande alors si nous n’avons pas hérité, aussi, avec le péché de nos premiers parents,  cette peur de Dieu (peur d’avoir perdu l’amitié de Dieu, peur de le rencontrer ou de lui parler..)

Et c’est à partir de là qu’il faut se placer pour voir comment le Seigneur a voulu redonner confiance à l’homme, rétablir cette amitié perdue, d’une façon qui nous étonne et qui nous surprend. Aussi Noël est-il l’événement qui nous redonne la joie de retrouver le Seigneur  sans la peur et la crainte de l’approcher. Car Il  vient à nous dans la naissance d’un petit enfant. Qui aurait peur d’un enfant ? Qui aurait l’audace de rejeter un enfant, de refuser son sourire ? C’est un être sans défense, qui se laisse prendre, qui se laisse toucher, qui se laisse embrasser. Ainsi,  Dieu se dit dans un enfant. Il dit qui il est, dans le visage de ce petit être humble et fragile St Paul parle de « la bénignité de Dieu » c’est-à-dire sa douceur, son amour,  et  son humilité.

 S’il était venu comme un extra terrestre, nous aurions eu peur de Lui. Non ! Il a pris le chemin de tout homme venant en ce monde. Né d’une femme, nommée Marie, né comme un immigré, alors que ses parents étaient en déplacement, né dans le silence et la pauvreté d’une étable, tout cela pour nous dire qu’il n’est pas un super homme, mais un homme tout simple, en tout semblable à nous, hormis le péché dira l’Apôtre Paul. Le mystère de l’incarnation est là : Dieu, sans se dépouiller de sa divinité, s’est fait chair, c’est-à-dire personne humaine, et il a demeuré parmi nous,  pour que nous puissions  le rencontrer sur cette terre même.. « J’avais faim et tu m’as donné à manger. Quand est-ce que je t’ai vu, Seigneur, et que tu avais faim ? » Chaque fois que tu l’as fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que tu l’as fait ! ».

Personne n’est plus humain que Dieu, disait quelqu’un ! Personne aussi n’est plus humble que Dieu. Ce n’est pas seulement  par sa naissance, qu’il exprime son amour, mais encore par sa passion,  où il s’est abaissé jusqu’à mourir comme un esclave sur la croix, Et plus encore, par le mystère de l’Eucharistie, il a voulu  se laisser manger sous le signe d’un peu de pain. St. Irénée qui a médité sur le mystère de Noël dit, dans son traité contre les hérésies, « l’homme avait désobéi à Dieu, et avait été rejeté de l’immortalité ; il a ensuite obtenu par le Fils de Dieu la miséricorde qui lui permet de recevoir par le Fils l’adoption filiale. » St. Irénée veut nous faire comprendre donc que loin de nous abandonner au pouvoir de la mort, Dieu au contraire nous a élevés encore plus haut jusqu’à nous adopter comme ses fils. Comment alors pouvons-nous avoir peur de Dieu. ? S’il y a une peur à avoir, c’est la peur d’offenser Dieu, comme cela convient tout naturellement à un fils qui aime son père.

Dans l’Evangile, on nous raconte aussi comment les Apôtres eux-mêmes, bouleversés par la tempête de la mer eurent peur. Ils ont eu comme l’impression de voir un fantôme.  Chez les premiers croyants de la Bible, la mer, nous le savons, était considérée comme l’habitacle du démon et des forces du mal. De voir quelqu’un marcher sur les flots déchaînés, cela ne pouvait que les effrayer. Alors Jésus les rassure : « N’ayez pas peur c’est moi ! Sur quoi, Pierre lui répondit : » Seigneur si c’est bien toi, donne-moi l’ordre de venir sur les eaux. Viens dit Jésus. ! » Mt.14 : 28.

Là encore il nous faut comprendre que, dans les difficultés et épreuves qui nous bouleversent, la peur nous habite. Le Seigneur se révèle alors comme quelqu’un qui est proche de nous.. Il nous invite à triompher de la peur, et  à venir à lui. Il nous tend la main pour nous relever. C’est ainsi qu’il faut aller à la crèche, et regarder dans le silence de la Foi, notre Frère et notre Dieu, Jésus de Nazareth. Amen

 

                                              

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19 décembre 2009 6 19 /12 /décembre /2009 12:31

4° dimanche de l’Avent –Année B

 

 

Frères et Sœurs,

 

                                      Luc l’évangéliste commence son évangile par l’intervention de deux femmes. Marie et Elisabeth. Cela peut paraître sans importance. Mais il faut savoir, qu’à l’époque de st. Luc, surtout chez les grecs, les femmes n’avaient pas la parole. Et même en Occident, jusqu’à il n’y a pas longtemps encore. Or voici que deux femmes vont entrer en scène, Marie et Elisabeth. Ce n’est pas pour rien que Luc met en relief cette rencontre entre la jeune femme Marie et  Elisabeth qui conçoit un enfant dans sa vieillesse. Luc va ainsi montrer que la venue du Christ bouleverse de fond en comble les idées et les mentalités. Ainsi Luc va faire commencer la réception de la Bonne Nouvelle par l’histoire de deux femmes. Le même st. Luc donnera également la parole à des femmes qui vont les premières annoncer le message de Pâques, la résurrection du Christ.

C’est donc une femme Elisabeth qui porte en son sein Jean le Baptiste dont Jésus dira qu’il « est plus qu’un prophète ». C’est une autre femme Marie qui porte celui que tous les prophètes avaient annoncé, Jésus le sauveur et le dépositaire de toutes les espérances d’Israël. C’est encore Elisabeth qui fait la première confession de foi en reconnaissant le Messie que Marie porte en elle. Et c’est pour sa foi que Marie est déclarée bienheureuse, plus que toutes les femmes de la terre. « Heureuse, celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Dans ces visages de femmes que nous livre la Bible, surtout dans les évangiles, et tout particulièrement dans le silence qui les caractérise toutes, il y a un message qui nous est donné. Premièrement, il faut souligner que ce ne sont pas des personnes qui parlent beaucoup, mais des personnes qui savent écouter.  L’attitude de l’écoute, c’est, en premier lieu, chez elles, une attitude de contemplation. C’est également l’attitude de la Vierge Marie qui(dit l’Evangile) conserve toutes ces choses dans son cœur, et les méditent.

Tout cela est important pour nous aujourd’hui dans les temps qui sont les nôtres. Notre époque, en effet c’est le temps des grands bavardages. Les médias, (les journaux, la télé) y sont pour quelque chose. On parle beaucoup ! On fait beaucoup de publicité ! On vous donne aussi la parole ! Et  puis souvent les personnes qui n’ont rien à dire ce sont elles qu’on voit le plus et qui parlent le plus. Or c’est dans le silence, dans la contemplation, dans l’écoute  que Dieu se révèle. Un exemple : c’est dans le silence du désert le plus souvent que les prophètes ont entendu le message de Dieu. Les grands spirituels, c’est dans le silence du désert qu’ils ont entendu la Parole de Dieu, et  s’en sont nourris.

Par sa disponibilité, par l’accueil fait à l’Ange Gabriel, par son oui, par sa soumission à la volonté de Dieu,  Marie exprime sa foi et sa confiance en Dieu. Nous avons, nous, cette difficulté à  être disponible pour Dieu, et à répondre « oui » à sa volonté. Parce que instinctivement, nous ne donnons pas spontanément et entièrement notre adhésion. Nous nous  méfions. Et nous nous méfions même de Dieu. Nous nous méfions quand il nous demande quelque chose, et notamment de croire en lui. Mais la confiance de Marie et sa totale disponibilité l’a sauvée elle-même et nous avec elle. « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »

Entre ces deux femmes, il y a un air de fête. Elles ont une joie réelle de se rencontrer. Pourquoi ? Parce que l’espérance du Berger d’Israël, l’espérance du sauveur, attendu depuis des siècles devenait désormais une réalité en Marie. Comme l’événement était proche, et que elles mêmes étaient conscientes de ce qui allait arriver, elles ont explosé de joie. Explosé de Joie, oui ! Vous voyez Elisabeth dire à Marie sa cousine, avec un air nonchalant : « comment ai-je ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi.. ! » C’est plutôt une parole de joie et d’allégresse immense.

Noël est proche. Il y a déjà de la fête dans l’air. De la joie aussi. Mais cette fête et cette joie sont-elles la joie et la fête d’un peuple de croyants qui portent une Bonne Nouvelle ? Est-ce que nous pouvons dire réellement que le peuple chrétien de Guadeloupe est exalté, soulevé par cette joyeuse Nouvelle. ? D’ailleurs la raison même de cette fête s’est déplacée, et pas seulement en Guadeloupe : c’est la fête de la grande bouffe et l’occasion de divertissements, païens, indécents, parfois de chansons même obscènes.

Après 2000 ans, nous n’avons pas non plus l’impression que la bonté de Dieu, la douceur de Dieu ( la bénignité de Dieu comme dit St. Paul) manifestée à Noël, a véritablement fait une percée dans le cœur des hommes, puisqu’il y  a encore tant et tant de misères, menaces, et de dangers qui pèsent sur nous.

Comme Marie, Frères et Sœurs, mettons-nous en état d’écoute, d’humilité et d’accueil pour recevoir celui qui vient nous parler. Mettons- nous en route avec elle pour aller à la rencontre de Jésus dans nos proches, dans le pauvre, le malade, la personne âgée,  l’incroyant, à al rencontre de celui ou de celle qui attend aide et espoir.. Nous ne sommes pas seuls sur cette route. Il y a bien d’autres personnes qui comme nous veulent  faire bouger la vie et l’avenir dans notre société bloquée par ses contradictions et ses peurs. Il faut souvent du courage et de la générosité. Mais le Seigneur est avec nous : voilà notre Foi et l’objet de notre joie. Amen

 

 

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11 décembre 2009 5 11 /12 /décembre /2009 11:51

3° dimanche de l’Avent –Année C

 

 

Frères et Sœurs,

 

                                               Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean étaient composées de gens de toutes sortes : la foule des gens simples, mais aussi des publicains ou collecteurs d’impôts, détestés de tous, des soldats de l’armée d’occupation. Ces gens, (du moins beaucoup d’entre eux), sans doute y venaient par curiosité pour voir cet homme dont la réputation et la force de langage sont allés au delà du désert, un langage rude, qui remue les conscience.  Mais d’autres aussi sont là, ils s’interrogent, ils sont à l’écoute, comme dit l’évangile « ils étaient en attente ».

Curieusement, les gens ne demandaient pas à Jean : « que devons-nous croire ? », mais « que devons-nous faire ? ». Cette question revient par trois fois. Alors Jean ne leur demande pas de changer de vie, mais de changer leur vie, c’est-à-dire de vivre autrement.. Je vous disais le premier dimanche de l’Avent que « la foi chrétienne est une manière d’habiter le monde. » Cela est une parole d’un Théologien qui rejoint une autre parole, celle du Pape Benoît XVI, dans sa dernière encyclique, où le Pape dit que « l’homme est un être de relation. »C’est-à-dire que l’homme se valorise lui-même en se mettant en relation avec les autres, avec la nature et avec Dieu, pas en s’isolant, donc, en se fermant sur lui-même. Et bien, Jean-Baptiste invitait déjà les gens de son époque à cette forme de conversion qui consiste à changer leur vie non pas seulement dans la prière,et les rites liturgiques, mais dans les actes de leur vie quotidienne.  A tous, J-Baptiste disait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui n’en a pas.. » Aux collecteurs d’impôts : « N’exigez rien de plus que ce que qui vous est fixé ». Aux soldats : « Ne faites de violence, ni tort à personne ; et contentez-vous de votre solde. » Lui, Jean l’homme du désert, il ne demande à personne  de quitter sa situation, sa profession pour le rejoindre dans sa vie au désert. Il tient compte de la situation de chacun. Il ne demande pas aux collecteurs d’impôts de laisser leurs comptes, ni aux soldats de quitter l’armée. Mais à tous il prescrit l’attention au prochain. Il ne demande pas de renoncer aux biens de la terre, mais de les partager. Chacun de nous est ainsi interpellé  dans sa situation et ses engagements. Celui qui est marié est appelé à l’amour et à la fidélité ; le commerçant à l’honnêteté et au service ; le médecin et l’infirmière à la lutte contre la maladie et à la considération pour le malade. Tous nous aurions souhaité un monde meilleur, juste, fraternel où tout le monde s’entend avec tout le monde. Et d’ailleurs, on entend parfois des gens dire : « Le monde est tellement mauvais ! J’ai envie de le quitter, d’aller vivre ailleurs, mais où. ? » Il ne s’agit pas de quitter de changer de vie, mais de changer sa vie. Ne nous contentons pas de vœux pieux ! Ce disant, je rejoins le jugement d’un expert à la réunion internationale des chefs d’Etat, à Copenhague, sur l’avenir de notre Planète, (la Terre,) hélas si malmenée, si malade, quasiment en agonie par le réchauffement climatique qui disait: « Notre Planète mourra, et nous avec, si nous ne prenons pas dès aujourd’hui les décisions de changements qui s’imposent. » C’est vrai ! Ne pas se contenter de vœux pieux ! Faire les petits pas nécessaires.

S’obliger, par ex. comme cela nous est recommandé de ne pas laisser une lampe allumée inutilement, d’observer rigoureusement le tri nécessaire de nos déchets ménagers, de respecter et d’apprendre à respecter l’environnement comme cette maman qui disait à son enfant, lequel venait de jeter dans la nature une boîte de jus qu’il avait consommé : « Va ramasser ! » Voilà l’éducation !  Voilà ce qui compte !  Commençons donc déjà les uns et les autres par partager, par lutter contre nos propres violences qui gangrènent nos relations familiales et sociales. Essayons de donner un témoignage de paix, d’écoute et de réconciliation.

« Moi, dit J-Baptiste, je vous baptise avec de  l’eau, mais Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu.. » C’est St. Luc qui parle. Il fait allusion au feu de Pentecôte. Le feu de Pentecôte, c’est le feu de l’Esprit Saint et de l’amour de Dieu, dans lequel nous sommes plongés par le baptême.

Dès aujourd’hui nous sommes invités à retrouver le feu de Pentecôte, le feu de l’amour  et de la joie. Le prophète Sophonie  dans la première lecture de ce dimanche dit au peuple de Dieu : « Pousse des cris de Joie, fille de Sion ! Eclate en ovations, fille de Jérusalem ! » Et st. Paul dans la deuxième lecture : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur.. ». Or lorsque Paul écrit cette lettre aux Philippiens, il est en prison. Sa joie c’est de savoir qu’il allait bientôt voir face à face celui à qui il avait passionnément consacré sa vie. Il ne se trompe pas de joie : sa joie est fondée sur l’espérance de rencontrer son Seigneur.

Mais est-il raisonnable de parler de joie dans nos églises alors que tant de tristesses et d’horreur pèsent sur le monde, à commencer par notre pays même, la Guadeloupe ? Pouvons-nous exulter de joie à l’approche de Noël alors que des millions d’êtres humains, des enfants notamment ne connaissent pas la joie d’une sucette, d’un bol de riz ou d’un bol de lait par jour ? Sans compter tant de parents qui n’auront pas la joie d’une petite fête familiale le jour de Noël.

La réponse n’est pas simple. Elle ne se trouve que dans la foi. En effet Paul nous dit : « Réjouissez-vous dans le Seigneur ». Or dans le Seigneur, cela veut dire, que notre joie est  fondée sur le fait que le Seigneur est présent avec nous, qu’il nous accompagne, même dans les moments les plus difficiles, que nous avons du prix à ses yeux. Et qui d’entre nous ne se réjouit pas  de savoir  que Dieu nous aime comme nous sommes, malgré nos péchés. Une telle conviction résiste à toutes les tempêtes de la vie, à toutes nos peurs et à tous nos découragements.

Cette joie est « dans le Seigneur », c’est-à-dire que cette joie plaît au Seigneur dans la mesure où elle est partagée dans la compassion et la miséricorde. Jésus nous a dit qu’il nous laissait sa joie et sa paix. C’est à dire que dès maintenant il  ne veut pas nous voir triste. Nous ne pouvons nous réjouir finalement que si nous faisons revivre en nous l’espérance et si nous entraînons dans  cette même espérance des frères et sœurs qui n’attendent plus rien de personne. Encore faut-il, je le répète, que nous qui voulons entraîner, nous soyons nous-mêmes remplis, et plus que remplis, de cette espérance. Et alors où pouvons-nous la puiser ? « Dans le Seigneur » à l’exemple de  Paul. Amen.

 

 

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2 décembre 2009 3 02 /12 /décembre /2009 16:13

2° dimanche de l’Avent 09

 

Frères et sœurs,

 

                       L’Evangéliste st. Luc raconte la vocation de Jean le Baptiste d’une façon solennelle. Il donne des points de repères de l’événement, comme pour nous dire que cet homme-là, J-Baptiste, appelé comme prophète, va ouvrir une nouvelle page de l’histoire. Vous avez sans doute remarqué que, lorsqu’on construit un édifice d’une grande importance, on pose la première pierre avec une certaine solennité. Par ex., on lit un parchemin, un document qu’on va sceller ensuite dans les fondations, en y mentionnant le nom des autorités en place à ce moment-là. Et bien c’est un peu cela que l’Evangéliste va faire. Il va annoncer d’une façon solennelle les débuts de la prédication de Jean Baptiste. Il va les dater. Ecoutez ce qu’il dit : « L’an quinze du règne de l’Empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode prince de Galilée, son frère Philippe, prince du pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias, prince d’Abylène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe etc. » St. Luc évoque Rome, Jérusalem, les provinces proches de Judée et de Galillée, mais aussi les extrémités du pays, l’Iturée et Abylène. C’est dire l’importance de l’événement. Car enfin pourquoi cette solennité ? Pourquoi ce luxe de détails historiques et géographiques, sinon pour annoncer le début d’un grand bouleversement ?. Et c’est vrai : l’événement est de taille. Jean Baptiste annonce une histoire nouvelle avec la venue du Messie. Et les mots qu’il va employer ainsi que les rites qui vont accompagner sa prédication montrent bien qu’il inaugure un tournant historique. Et par conséquent, Jean Baptiste est l’un des témoins privilégiés qui se situe à la charnière de ce tournant historique. Il a en effet marqué son époque par sa prédication et les paroles fortes qu’il a dites dans le désert : « Préparez les chemins du Seigneur, aplanissez sa route.. » Plus de 20 siècles après, ce grand prophète, aurait-il quelque chose à nous dire, à nous faire entendre, dans  le temps d’aujourd’hui. ? Je crois que oui. Ne sommes-nous pas, en effet, nous aussi  à un véritable tournant historique. ? Il suffit d’ouvrir les yeux et les oreilles. Ce tournant historique,- (le Pape Benoit XVI en fait allusion dans sa dernière encyclique « L’amour dans la vérité. »)- je le vois dans la venue sur la scène du monde des cultures nouvelles. Nous sommes mis en contact, journellement, qu’on le veuille ou non, avec des modes nouveaux de pensée, d’expression, des mœurs nouvelles, et une pluralité de religions. Le problème des immigrés dont on parle tant, ce n’est pas une affaire qui se pose en termes économiques uniquement. Il s’agit véritablement de chocs de culture comme on a dit. Comment donc apprendre à vivre avec des gens si différents, c’est là tout le problème. ?

Ce tournant historique, c’est aussi l’effacement des frontières (tout au moins en Europe), qui séparaient les Nations et les peuples. Par le truchement des satellites, nous sommes immédiatement envahis d’images et de voix venant de pays étrangers. Elles ne demandent pas  de passe-port pour entrer et sortir, jusque dans l’intimité de nos chambres.

Ce tournant historique, je le vois également dans cette prise de conscience commune qui conduit les Chefs d’Etat et les scientifiques, dans cette conférence internationale qui aura lieu bientôt à Copenhague, à s’engager sérieusement sur le devenir de notre planète mal menée en raison du réchauffement climatique.

Ce tournant historique, c’est aussi le fait que l’essentiel des luttes et de nos combats ne se situera pas forcément à l’avenir autour de quelques puits de pétrole, mais bien, (comme nous le voyons déjà), autour de la bioéthique et des droits de la personne humaine.

Ce tournant historique, c’est enfin le fait que nous arrivons inéluctablement à un stade où il faudra (je ne sais pas de quelle manière pour autant) que les hommes se posent la question de Dieu.. Le Pape Benoit XVI le dit également dans sa dernière encyclique : « L’homme a besoin de Dieu. Sans Dieu, dit-il, l’homme ne sait où aller et ne parvient même pas à comprendre qui il est.. » Il faudra coûte que coûte que les hommes se posent la question du sens de la vie. Jusqu’à présent on sait comment faire ceci et cela, comment monter dans l’espace et en descendre. Mais il faudra bien qu’on arrive un jour à se poser la question (pas de façon superficielle) pourquoi ceci, pourquoi cela ? C’est toute la question du sens de la vie. Malraux, (dont tout le monde sait qu’il n’était pas un Père de l’Eglise), disait que le monde, le siècle à venir sera religieux ou alors ne sera pas.. Il voulait sans doute dire que le siècle à venir devra, sous peine d’entrer dans une sorte d’auto-destruction,  retrouver les valeurs fondamentales de la vie, telles que l’amour, la justice et la paix.

Il me semble alors que la manière dont les chrétiens doivent se préparer, à entrer dans cette histoire nouvelle, est capitale. Quand je dis cela, je veux faire comprendre que notre témoignage de foi  en ce contexte historique est d’une grande importance. Trop souvent, quand on rencontre des intellectuels notamment, on a l’impression qu’ils savent tout, parce qu’ils ont pour eux le savoir du livre et de l’expérience. A l’instar de ces Aristocrates de Jérusalem, ne risquent-ils pas eux aussi d’être dépossédés, i.e. de passer à côté de l’événement parce qu’ils ne se sentent pas provoqués par la voix d’un crieur public. On a beau être savant, un homme renseigné sur tout, il peut arriver qu’un pauvre crieur public de journal par exemple, nous interpelle, et excite notre curiosité tout simplement pour nous apprendre une nouvelle. C’est un peu cela Jean Baptiste : «Une voix qui crie, à qui veut l’entendre, « préparez les chemin du Seigneur. Aplanissez sa route.. » La voix du crieur nous parvient aujourd’hui encore ! Il ne s’agit pas d’une information !  C’est plus que cela. Il nous invite à nous arrêter, et à nous poser la question : quelle route il faut aplanir, quelle montagne et quelle colline il faut abaisser, quel passage tortueux il convient de redresser. ?  Dans la lumière de l’Esprit Saint, chacun  pourra y répondre.

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26 novembre 2009 4 26 /11 /novembre /2009 11:56

Avent 2009.

 

Frères et sœurs,

Avec ce dimanche (29 novembre 2009), nous entrons dans le temps de l’Avent. Mais attention ! Ce mot mérite d’abord quelques explications. D’abord faites attention à l’écriture de ce mot. Il ne s’agit pas de comprendre l’Avent comme une période « avant », un temps qui précède Noël. Non ! C’est plus que cela.

Dans le credo chrétien, nous disons « Il reviendra dans la gloire pour juger les vivants et les morts. » Ces paroles du Credo nous donne déjà le sens de l’Avent. Avent (en latin adventus) veut dire : avènement. Le Seigneur reviendra. C’est pourquoi Noël est non seulement la célébration de la naissance du sauveur, mais aussi l’annonce du second avènement, (ou si vous voulez), du retour du Seigneur.

 Un théologien disait : « La foi chrétienne est une manière d’habiter le monde ».Je trouve cette expression riche de sens pour ce que je vais tenter d’expliquer. En effet, qu’est-ce cela veut dire « habiter le monde » ?.

Le Pape Benoît XVI dans sa dernière encyclique « l’Amour dans la vérité » dit, (au § 53), une parole d’une extrême importance : « Ce n’est pas en s’isolant que l’homme sa valorise lui-même, mais en se mettant en relation avec les autres, avec la nature et avec Dieu. ». L’homme est un être de relation. Nous sommes des êtres de relation, i.e. que nous ne pouvons vivre véritablement, réellement qu’en tenant compte de la nature, des autres, et de Dieu. Autrement dit encore, nous sommes des êtres de dépendance. Nous ne sommes rien sans la nature, sans les autres, et sans Dieu. Nous sommes provisoires, dans un monde provisoire.

Habiter le monde, par conséquent cela signifie qu’il y a une manière pour nous d’être en relation avec la nature. Celle-ci est un don absolument gratuit de Dieu. « Crée de rien et pour rien ». « C’est le grand mystère de Dieu, disait Simone Weil, (pas l’ancienne Présidente du Parlement européen) de se cacher dans ce qu’il donne, pour ne pas nous obliger ou nous forcer de croire en Lui. Si Dieu ne se cachait pas : tout serait Lui ! ». Cette invisibilité radicale de Dieu, les sciences séculaires nous la font éprouver comme un handicap pour croire. La nature ne nous appartient pas. Nous n’en sommes pas propriétaires, mais seulement des locataires. Un jour il faudra remettre les clés à qui de droit.

La création est livrée gratuitement à une multitude de générations, chacune la recevant « en héritage » pour la transmettre un jour à d’autres. Or nous constatons que nos vieilles mentalités issues du péché produisent en nous des comportements de domination et d’exploitation sauvages à l’égard de notre environnement. L’Evangile pourtant a introduit une autre manière de vivre, une autre manière d’habiter au sein de la création, qui aspire selon st. Paul à la délivrance avec des gémissements ineffables ?

Habiter le monde, c’est aussi une manière d’être en lien avec les autres, et même d’être dépendant d’eux. Chacun évidemment n’est pas seul sur cette planète. « L’homme est aliéné quand il est seul (dit Benoit XVI) ou quand il se détache de la réalité, quand il renonce à penser et à croire en un Fondement.. Le développement des peuples dépend surtout de la reconnaissance du fait que nous formons une seule famille qui collabore dans une communion véritable et qui est constituée de sujets qui ne vivent pas simplement les uns à côté des autres. (§ 53). » Il y a de grands défis à relever (on ne peut pas les énumérer tous) sur le plan local et dans la moindre des communautés chrétiennes : par ex. la pluralité des religions et en même temps l’expérience de « l’inévidence » de Dieu, voire de son silence ; la dégradation des mœurs, et en même temps l’expérience d’une fraternité capable de résister ; la mondialisation avec ses effets pervers et en même temps la conscience que nous n’avons qu’une seule planète, la Terre, dont il faudra prendre collectivement soin.

Habiter le monde, c’est enfin maintenir et cultiver la relation à Dieu. «  L’homme a besoin de Dieu. »( dit encore le Pape). Ce besoin n’est pas quelque chose de sentimental, il est fondamentalement la source de notre dignité. « Sans Dieu, dit encore le Pape, l’homme ne sait où aller et ne parvient même pas à comprendre qui il est. » Et d’ajouter encore : «  C’est la conscience de l’Amour indestructible de Dieu qui soutient dans l’engagement, rude et exaltant, en faveur de la justice, du développement des peuples avec succès et ses échecs, dans la poursuite incessante d’un juste ordonnancement des réalités humaines ».

C’est donc dans le cadre de  cet « amour dans la vérité », que nous pouvons comprendre le sens de l’Avent et de Noël. Nous croyons en Dieu, dans l’Eglise, située dans l’entre-deux période d’un Messie qui est déjà venu et qui reviendra. Nous sommes  ensemble en Eglise, porteurs de ce message de la Foi qui nous fait habiter le monde autrement. Ce n’est pas par conséquent un message de peur et de malheurs qu’il nous faut proclamer, mais davantage un message de foi et d’espérance en Celui à qui appartient l’univers du ciel et de la terre..

Bien entendu il faut aussi faire place à la fête, car la perspective du retour de notre Sauveur doit être  une fête. Cela, cependant, ne doit pas masquer l’urgence et la nécessité de rester « éveillé et de prier en tous temps comme nous le recommande l’Evangile de ce jour ». Eclairée par la Parole et nourrie par les sacrements, l’Eglise annonce le Royaume qui vient.  Elle en scrute les signes dans le monde d’aujourd’hui, elle balise la route, et elle apporte sa contribution à l’édification du Royaume. Avec l’Avent, nous commençons donc un nouveau cycle liturgique. Si le temps de l’avent en constitue l’ouverture, il en annonce aussi la fin, et  fait du chrétien (que nous sommes) un être de désir : « Viens Seigneur Jésus !  Nous célébrons ta résurrection et nous attendons ta venue dans la gloire ».Amen  

  

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