Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 15:53

Baptême de Jésus 2011.

 

Frères et sœurs,

 

                   Comme Jésus nous avons été baptisés. Nous pourrions alors, en ce dimanche où nous évoquons son baptême, nous demander : « qu’est-ce cela signifie pour nous, être baptisé « ? Ou encore : « Etre baptisé à quoi ça sert ? » Telle pourrait être la question de beaucoup d’entre nous ici présents. En effet quand je vois, disent certaines personnes, les difficultés, les souffrances, les problèmes dans lesquels je me débats, je me pose la question : « être baptisé, ça change quoi ? » J’ai envie, moi, de répondre : « être baptisé, ça ne change rien, et en même temps ça change tout ! » Je m’explique.

Etre baptisé, ça ne change rien, je veux dire que je reste évidemment homme, femme, avec ce que je suis, et ce qui me caractérise par rapport à ma race, à ma culture, à ma situation sociale et géographique. Ca ne change rien parce que je reste un homme, une femme qui vit comme les autres personnes dans un pays précis, partageant les joies et les tristesses de ce pays. Le baptême ne me fait pas devenir un « super-quelque chose ». C’est important de souligner cela : je ne suis pas devenu un ange. Je reste un humain.

Et c’est du reste ce que je remarque en Jésus, baptisé lui aussi. Il n’est pas un super-homme : on ne nous dit, nulle part, dans l’Evangile qu’il ait inventé quelque chose ( une machine ou un appareil quelconque, rien !)  Après tout, cela eût été possible ! Non ! Jésus est un vrai homme, semblable à nous, dit st. Paul, en toutes choses, excepté le péché.

Homme, il vécu la vie ordinaire des hommes ordinaires de son époque. Il a sans doute travaillé de ses mains pendant les 30 premières années de sa vie, partageant la vie des gens de son village, la vie des marins-pêcheurs dont certains devinrent ses disciples, allant et mangeant chez ceux qui l’invitaient(comme par ex. Simon le Pharisien).

Comme tout homme, il a connu la fatigue, la faim et la soif au point un jour de s’asseoir sur le bord d’un puits dans l’attente de quelqu’un qui lui donnerait un peu d’eau.

Vous vous demandez peut-être pourquoi je souligne cela ? Et bien parce que le Baptême, ou mieux encore l’Esprit que Jésus a reçu en plénitude, ne lui a pas épargné les difficultés de la vie et facilité les relations avec les gens. Le baptême ne lui a pas  automatiquement changé la vie et la complexité de celle-ci. En effet, Jésus a rencontré des hommes méchants qui l’épiaient, et qui lui tendaient des pièges. Il a été mis en accusation, dénoncé, trahi, traduit en justice, vendu pour quelques pièces d’argent. Enfin, il a été condamné dans un procès truqué et injuste. L’Esprit, qu’il avait reçu en plénitude le jour de son baptême, ne lui a épargné ni la trahison, ni l’assassinat, ni la mort.  Quand je dis  donc « qu’être baptisé ça ne change rien », je veux dire donc que je demeure créature humaine, homme, femme avec tout ce qui fait la difficulté et la complexité de la vie humaine.

Et pourtant.. Et pourtant « être baptisé, ça change tout. » Car précisément l’Esprit Saint, reçu au baptême me donne une certitude, celle d’être enraciné dans l’amour du Père, certitude qui fait dire à St. Paul dans la lettre aux Romains Ch.8. « Qu’est-ce qui peut nous séparer de l’amour du Christ ? La détresse ? L’angoisse ? La persécution ? La faim ? Le dénuement ? Le danger ? Le supplice ? Ni la mort, ni la vie, ni les esprits, ni les puissances, ni le présent, ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ notre Seigneur. »  Magnifique lettre que Paul adresse aux chrétiens de Rome. J’ai donc cette assurance, cette certitude d’être enveloppé de l’amour du Père, même au cœur de la souffrance et de toute détresse. Je peux vivre ma vie dans la Foi en Dieu Père, dans la  confiance, la sérénité et la paix, parce que je suis aimé d’un amour formidable. C’est aussi cela qui me frappe chez Jésus. Il vit la vie ordinaire des hommes ordinaires, mais d’une façon originale. Habité par l’amour du Père, il passait dit l’Evangile, en faisant le bien. Il n’était indifférent à aucune souffrance, à aucune personne malade. A ceux qui étaient désespérés, parce que marginalisés, pécheurs ou malades, il apportait la joie du pardon ou de la guérison : « Tes péchés sont pardonnés ». « Lève-toi et marche ! »

Etre baptisé ça change tout, parce que désormais je sais que, comme pour Jésus, l’Esprit de Dieu repose sur moi, l’Esprit de Dieu m’a consacré. Il m’a envoyé proclamer la paix, la joie.

Etre baptisé, ça change tout parce, désormais, je suis appelé à vivre mon existence aussi dans trois dimensions, ou dans trois relations si vous voulez. Je m’explique : il y a d’abord la relation au temps (j’ai tel âge) ; ensuite la relation à l’espace (j’habite dans un pays, dans un lieu). Enfin une troisième relation : je vis pour quelqu’un. Deux fiancés par ex. qui s’aiment, ils font l’expérience de cette troisième relation : ils ont le sentiment d’exister l’un pour l’autre, l’un  par rapport à l’autre, c’est la relation de l’amour. Et bien comme baptisé, en tant que baptisé, je vis cette troisième dimension, cette troisième relation moi aussi : j’existe pour Dieu,  j’existe comme fils de Dieu. Alors, comme pour Jésus, mon baptême a été une investiture, une déclaration d’amour de la part du Père : « Tu es mon fils, aujourd’hui je t’ai engendré, ou dans st. Mathieu : « Celui-ci est mon Fils biens aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour. »

Reconnaître ma réalité de fils de Dieu, ce n’est pas pour autant trahir ma réalité de fils d’homme. Je suis l’un et l’autre. Je suis solidaire de mes frères dans la chair, sans trahir ma solidarité avec Dieu qui me fait autre dans l’existence humaine, en l’appelant Père.

Etre baptisé, ça change tout, pour quelle raison enfin ? Parce que, ce « Je » qui est moi, suis introduit dans une communauté, dans un peuple. Avec des frères, hommes et femmes baptisés comme moi, je vis un « Nous » très spécifique. Ce « Nous » c’est l’Eglise, où il n’y a plus de distinction de race,  « ni juif, ni grec, ni esclave, ni homme libre  comme dit st. Paul » : L’Eglise de Jésus-Christ, appelée par vocation à être levain dans la pâte et lumière du monde.

Ce « Nous » est toujours à faire et à refaire, car chacun dans sa vie arrive encore à faire,( hélas !) l’expérience du péché, et de la faiblesse charnelle. Mais tout change, parce que, par grâce, le péché lui-même est l’occasion et le lieu de proclamer la miséricorde surabondante de Dieu. Il se révèle là plus qu’ailleurs, un Père plein de miséricorde et de tendresse. « Dieu de tendresse et de pitié, Dieu plein d’amour et de fidélité, Dieu qui pardonne à ceux qui t’aiment et qui garde ta Parole, dit la Bible : c’est ainsi qu’il se révèle à ceux qui croient en Lui.

Quant à l’objection véhiculée par les sectes : « que  Jésus a été baptisé à l’âge de 30 ans, et que par conséquent il faut recevoir le baptême quand on est grand à l’âge de raison », ce n’est absolument pas de cela dont il est question ici dans ce texte. Le baptême de Jésus est une manifestation trinitaire, un dévoilement de la divinité de Jésus : il est le Fils bien aimé du Père, habité par l’Esprit. Amen

Partager cet article
Repost0
25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 15:05

1° dimanche de l’Avent.2010

 

Frères chrétiens,

 

                             Le premier dimanche de l’Avent ouvre une nouvelle année liturgique. L’occasion est belle par conséquent de  réentendre l’essentiel, je dirai l’espérance et l’objet de notre Foi. Faisons d’abord attention aux premiers mots de l’Evangile d’aujourd’hui : « Jésus parlait à ses disciples de sa venue.. » Jésus reviendra. Et oui ! Peut-être l’avons-nous oublié, un peu, beaucoup,  pas du tout !… ? Parce que  nous sommes  sans doute (dit l’Evangile) préoccupés par des choses nécessaires et urgentes « comme  avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait »… St. Paul en quelques mots nous avertit aussi : « la nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. C’est le moment l’heure est venue de sortir de votre sommeil » . C’est ainsi que Paul s’adressait aux chrétiens de Rome, et c’est aussi avec ses  mêmes paroles d’exhortation que l’Eglise ouvre le temps de l’Avent.

L’Avent est, en effet,  un temps de préparation à une fête  prochaine qui s’annonce, mais plus encore un appel à un  changement : « Les armes ne se lèveront plus pour tuer, ni saccager. La conversion des épées en socs de charrue et des lances en faucilles témoigneront du changement profond opéré dans le cœur de l’homme. » Ces paroles du Prophète Isaïe ne doivent pas être des vieux pieux, mais un appel à, une véritable conversion ! Déjà les signes de la fête de Noël apparaissent dans nos rues, ou se font entendre à la radio. Le signal est donné qu’il faut préparer la fête, pour ne pas la rater. Mais cette mobilisation qui va aller s’accentuant dans les jours qui viennent risque de masquer la vraie préparation et la vraie vigilance à laquelle nous invite la Parole de Dieu. Temps de préparation et aussi temps de révélation que cette période de l’Avent. Car Dieu se révèle. Dieu se manifeste comme quelqu’un de proche, proche de nous. Proche dans le temps parce que dès aujourd’hui nous entendons sa voix et nous tournons notre cœur vers Lui. Proche dans l’espace, car je peux l’atteindre dans le prochain que je rencontre dans la rue. « J’avais faim et tu m’as donné à manger.. Chaque fois que tu l’as au plus petit de mes frères, c’est à moi que tu l’as fait. »

Temps aussi de relance de l’espérance. Dans notre vie tiraillée, dans notre monde déboussolé, perturbé, on a envie de baisser les bras parce que les problèmes sont chaque jour plus  nombreux, plus complexes : la violence, les familles brisées, les divorces qui augmentent, le chômage, la drogue, les grèves, des gens de plus en plus jeunes dans les rues etc. Tout cela devient  angoissant et inquiétant. On a envie de fermer les yeux et de ne pas voir. Or en ce temps de l’Avent, la Parole de Dieu vient relancer notre courage, notre patience, et notre générosité.

Rappelons-nous, quand nous étions jeunes enfants, à l’école, et que nos résultats scolaires n’étaient pas brillants, nos parents, nos maîtres d’école élevaient la voix pour nous stimuler : « Allons ! Mon fils, réveille-toi, ton avenir est en jeu. Courage. Ton avenir est entre tes mains. ! »

Ce qui est entre nos mains, c’est en premier lieu notre pays, la Guadeloupe. C’est l’avenir de notre peuple dont nous sommes solidaires. Or cette solidarité n’est pas illusoire. Elle doit être active. Pas seulement à la suite d’un cyclone, ou  d’un tremblement de terre, comme cela  est arrivé récemment, en Haïti, ou  à Ste Lucie, en donnant de l’argent ou des boites de conserve pour les sinistrés, mais encore dans des petites communautés de quartier. Se rassembler ainsi, dans des petites groupes de quartier, c’est donner à ceux qui y participent l’occasion de regarder la vie des personnes, et de réfléchir  à la lumière de l’évangile, autrement  qu’en fermant systématiquement les yeux  et les oreilles sur ce qui se passe. L’Avent est vraiment une saison où nous nous remettons à l’école, à l’école de l’Evangile. La Parole de Dieu nous presse de sortir de notre sommeil, i.e. de tout ce qui en nous, paresse,  orgueil, égoïsme, vanité, étouffe l’essentiel.

L’Evangile nous lance un appel à sortir de l’ambiance matérialiste qui risque d’étouffer notre énergie et notre espérance. « A cette époque (je cite l’Evangile) avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Les gens ne se sont doutés de rien jusqu’au déluge qui les a tous engloutis. »

Manger, boire, dormir, construire, faire du commerce, ce sont des choses très utiles. Mais ce n’est pas le tout de la vie. Il faut rester vigilant pour ne pas perdre de vue l’essentiel. Souvent même (vous avez fait l’expérience comme moi-même) il faut se battre pour que les choses les plus urgentes, les plus nécessaires ne prennent pas  toute la place dans notre cœur et dans notre vie. Il y a des choses importantes, urgentes, mais il y en a aussi qui sont essentielles. C’est donc le temps de faire le point : Faire le point, ça veut dire quoi ?.. C’est regarder sa propre vie. Exemple, il y a  des personnes qui donnent  plus de temps à soigner leur voiture qu’à s’occuper de leurs enfants: ça existe. Des personnes qui passent des heures et des heures devant la télé et qui disent qu’ils n’ont pas le temps de rendre service, de venir à la messe, ça existe aussi. Des chrétiens qui demandent beaucoup à l’Eglise, et qui ne lui donnent rien ou qui ne répondent à aucun appel, ça existe aussi. Des chrétiens bavards, cancaniers, qui disent n’avoir pas de temps, mais qui trouvent du temps pour répandre de fausses rumeurs, et faire du tort à la réputation des autres, ça existe aussi : « Man un tel dit moin kon ça, que on moun d’ye, que ou dye, que un tel dye.. » Oh. là là ! ho là là !..Sortir de ces commérages, rechercher ce qui est important, et cela à la lumière de la Foi, c’est donner son vrai sens à ce temps de l’Avent. Ce n’est pas facile de vivre,  surtout lorsqu’on doit ramer à contre-courant des habitudes, des mentalités, de l’ambiance qui décourage, et aussi de sa lassitude. Alors il faut se battre. St. Paul le dit encore aujourd’hui. « Revêtons-nous pour le combat de la Lumière ». Jésus vient. Toute la liturgie de ce dimanche respire la joie de la rencontre. Alors, comme le Psalmiste nous y invitait : « Allons dans la joie à la rencontre du Seigneur. »Amen.

Partager cet article
Repost0
12 novembre 2010 5 12 /11 /novembre /2010 12:06

 33° dimanche C.2010

 

Frères chrétiens,

 

                   Tous les cataclysmes de ces temps derniers (tremblement de terre, cyclone, ouragan, typhon, éruption volcanique) semblent illustrer mot pour mot cet évangile de ce jour.

Et pourtant, il ne faut pas être myope, ( i.e. regarder de trop près), dans un verre grossissant, comme si ces catastrophes-là arrivaient pour la première fois  dans l’histoire humaine. Evidemment non ! Depuis que le monde est monde, on a vu des tremblements de terre, des cyclones, des typhons etc.. Or beaucoup se demandent, (comme dans les temps passés d’ailleurs),  si ces cataclysmes à répétition ne seraient pas le signal de la fin du monde.

Mais il y a encore quelque chose de plus alarmant, et que certains interprètent comme les clignotants d’un monde qui est en train de basculer. La disparition des valeurs morales, la perte du sens  et du respect de la vie humaine (banalisation de l’avortement et manipulation génétique), la montée du terrorisme et de l’islam, l’indifférence religieuse, l’effondrement des valeurs de la civilisation chrétienne. Ces signes sont d’autant plus inquiétants qu’ils s’accompagnent d’un débordement, d’un chambardement généralisé. Il n’y a qu’à voir : des jeunes qui entrent à l’école avec ciseaux et rasoir, qui agressent leurs enseignants, ou qui se jettent dans la rue en foule pour contester, pour résister, pour contredire.

Et la peur nous guette. Et cette peur ne fait que s’amplifier quand les medias (la radio, la télévision les journaux) nous rapportent sans cesse les récits des guerres interminables, des prises d’otage, et des actes criminels en tous genres, dont souvent sont victimes les petits enfants.

Il faut ajouter enfin que, ici et là, se dressent « des messies » (i.e. des gourous et des groupes religieux) qui s’offrent, aux gens peureux et inquiets, comme des bouées de sauvetage et des lieux de refuge.

Je ne sais pas si vous vous rappelez  par ex., ce qui s’est passé le 20 Novembre 1978. Un certain pasteur du nom de JIM Jones au Guyana avait entraîné dans un suicide collectif plusieurs centaines de personnes qu’il avait réussi à convaincre. De quoi ? De la fin du monde qui, selon lui, était proche, et qu’on ne gagnait rien à rester quelques jours de plus. Et je ne cite que celui-là, parce qu’il y en a eu d’autres.

St. Paul, dans une lettre aux Thessaloniciens, déjà mettait en garde les premiers chrétiens contre les oisifs, les arrogants, et ceux qui se faisaient passer pour messie, en  entraînant les pauvres gens dans des comportements insensés et suicidaires. Nous avons aujourd’hui nos parasites : irresponsables, tire-au-flanc,  exploiteurs, beaux-parleurs qui prétendent qu’il n’y a rien à tirer de cette  Babylone : (entendez ce monde que nous habitons) que ça ne vaut pas la peine de travailler, parce que ceci, parce que cela.

Mais enfin, qui suivons-nous ? Avec qui marchons-nous ? Ceux qui promettent des lendemains qui chantent, ceux qui prêchent des idées simples et populaires, des prophéties tarabiscotées ? La tentation est grande, grande  pour certains, de marcher  tête baissée, sans discernement, en prêtant l’oreille à toutes sortes de sollicitations.

Peuple de Dieu, nous le sommes. Bien entendu nous n’avons pas  la présence visible et rassurante du Christ, mais le fait qu’il ne soit pas là, je veux dire « physiquement présent », c’est au moins le signe qu’il nous veut adultes, libres et pleinement responsables.

Si nous croyons à notre libération par le Christ, si nous croyons à notre Rédemption par le Christ, i.e. à notre passage de la mort à la vie manifesté par notre baptême, pourquoi serions-nous encore noués par l’angoisse et la peur ? Je ne veux pas dire que l’angoisse et le peur ne soient pas une réalité qui peut nous habiter, mais la Foi en Christ doit nous aider à relever la tête, car notre rédemption approche.

Dès aujourd’hui des bouleversements peuvent arriver, des tremblements de terre nous jeter dans l’inquiétude, nous voyons cependant, et déjà, comme un soleil de  résurrection se lever lorsque les hommes se rencontrent, se parlent et se comprennent, lorsque des chefs d’Etat arrivent à envisager l’avenir de l’humanité autrement que par la guerre. Ainsi le 11 et 12 novembre dernier, 20 chefs d’Etat(le G.20)  ont cherché ensemble en Corée du Sud, comment établir un modus vivendi pour réguler les affaires financières entre les Etats. On n’a pas suffisamment insisté aussi sur le fait que, en mars 1957, ce sont trois chefs d’Etat chrétiens qui ont jeté les bases de ce qu’on appelle aujourd’hui l’Union européenne.

N’est-ce pas un monde nouveau qui est en train de naître ?.

Notre foi nous donne de dire que le Christ entraîne la création toute entière dans son mouvement pascal de libération et de renouvellement. Nous attendons selon la promesse du Christ « des cieux nouveaux et une terre nouvelle » où la justice habitera (2P.3 :13). C’est là l’espérance de l’Eglise. « Marana tha ! » Tel est l’appel des chrétiens  à leur Seigneur, selon l’ancienne prière placée à la fin de la Bible : « Marana tha ! Viens Seigneur Jésus ! »

Nous sommes, Frères et sœurs, dans le temps de l’espérance. Le problème c’est de savoir vivre l’espérance chrétienne dans ce monde difficile et d’y persévérer quoiqu’il arrive, comme nous y exhorte Jésus aujourd’hui : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. » La surabondance du mal, du péché de l’homme, met notre foi à l’épreuve, c’est certain. C’est pourquoi on se demande parfois où est le Bon Dieu ? que fait-il ? Pourquoi n’intervient-il pas. Après le psalmiste de la Bible, nous nous étonnons aussi du silence de Dieu. Nous avons du mal à accepter ce silence. Or Dieu connaît son Jour et son Heure. C’est pourquoi il nous invite à persévérer dans la Foi.

Partager cet article
Repost0
6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 16:02

32° dimanche C.2010

 

Frères et sœurs,

 

Les saducéens dont parle l’évangile rejetaient l’idée, (absurde à leurs yeux) de la résurrection du corps, une idée particulièrement importante à leurs adversaires religieux, i.e. les pharisiens. A leur question-piège sur la situation dans l’au de-là d’une femme veuve sept fois, la réponse de Jésus est claire. La vie dans l’au delà et dans laquelle nous serons ne reproduit pas la vie présente ; elle est une vie autre, parce qu’elle est participation à la vie de Dieu. « Ils sont fils de Dieu, dit Jésus, étant héritiers de la résurrection ».

Comme les sadducéens, ils sont encore nombreux les gens qui aujourd’hui encore prétendent qu’il n’y a pas de résurrection des morts.  Parmi eux,  il y a même des baptisés. Ils se posent la question : est-ce possible ?..Et si mon corps est réduit en cendres, comment vais-je revivre ? Ils refusent alors de croire ce qu’ils n’arrivent pas à comprendre.

Et pour se rassurer, on cherche des explications comme parex. la réincarnation. On préfère adopter des opinions philosophiques, ou des doctrines des religions orientales (tel que le Boudhisme ou l’Hindouisme) qui satisfont davantage la raison. Que dit le Boudhisme ou l’Hindouisme ? C’est au prix (disent ces religions) d’une multitude de renaissances successives, de réincarnations successives que nous arriverons à nous purifier pour accéder au bonheur (lequel bonheur dans le Boudhisme s’appelle le Nirvana). Il y a aussi une autre théorie sur la résurrection, ou si vous voulez une autre attitude, qui consiste à rire et à tourner en dérision la foi des croyants.  On tourne purement et simplement en dérision, en moquerie, cette foi en la  résurrection comme de la superstition. A l’exemple des  sadducéens, cette catégorie de personnes refuse la foi en la résurrection, peut-être parce que, s’ils y croyaient, cela les obligerait à s’engager sur un chemin de conversion, ou à une vie morale plus sérieuse. De toute façon, dans ce refus, il y a une attitude  d’orgueil : l’orgueil de vouloir comprendre pour croire, alors que nous sommes invités à l’humilité de croire pour comprendre. La foi, ce n’est pas une démonstration, c’est l’acceptation d’une révélation, d’une promesse, qui s’appuie sur une parole de Dieu. En effet notre espérance en la vie éternelle tient du fait que le Seigneur nous promet une vie, et par conséquent nous n’avons rien à craindre. Jésus ne va pas répondre à la question piège des Sadducéens, mais il  va les éclairer en leur rappelant le projet de Dieu sur l’homme, tiré du Livre de la Sagesse.  Le livre de la Sagesse dit : « Dieu a crée l’homme pour existence impérissable. ». Or ce désir de vivre, ce formidable besoin de vivre  nous le ressentons profondément, et nous l’attendons chaque matin.

 Comment alors  ressentirions-nous ou aurions-nous  un autre désir que celui de la victoire définitive sur toutes les forces maléfiques qui nous accablent et qui nous dégradent ?  Il n’y a qu’à voir, qu’à entendre les cris, les appels au secours de tant de gens dont la vie est menacée. C’est vrai : nous sommes comme prisonniers d’un monde où dominent le péché, le mal et toutes sortes de malheurs.

 Alors, qui nous libérera. ? Le Christ  évidemment. « Et si le Christ nous a libérés, dit st. Jean, c’est pour que nous soyons vraiment libres ». Devenus fils et filles de la résurrection, pour toujours, nous « cesserons d’être asservis au péché ». L’Evangile nous conjure de rechercher la solidité de la foi et de la Parole de Dieu pour nos vies, et de nous appuyer sur le Rocher qui est Christ. La mort est quelque chose de tragique. Elle brise nos liens avec ceux que nous aimons. Mais la foi en la résurrection, c’est l’affirmation au contraire que loin d’être perdu, nous nous retrouvons plus vivant, et mieux vivant dans une communion de vie avec Dieu. Car dans le temps présent tout est provisoire. Et c’est justement le message de l’Evangile de ce dimanche. Tout est provisoire. Le corps est provisoire. La sexualité est provisoire. Le mariage est provisoire. Trop souvent (et cela transparaît dans les propos rapportés dans l’évangile), nous transposons nos expériences provisoires et limités dans le monde de Dieu en oubliant que nous parlons, avec notre langage humain, de réalités qui nous dépassent infiniment. Je comprends parfaitement que certaines doctrines, certains enseignements de l’Eglise puissent être difficiles. Mais il ne faut pas en prendre  et en laisser comme ces gens qui vont au supermarché : ils choisissent ce qui leur plaît pour composer leur panier de provision et ils laissent le reste. On aurait tort de considérer la Parole de Dieu sans importance. Laisser les gens croire ce qu’ils veulent, et mettre de côté tel ou tel aspect de la foi de l’Eglise, ce serait ignorer l’importance de « l’Amen » que nous disons si souvent. L’Amen est une comme une profession  de foi commune et personnelle.

 

 

Partager cet article
Repost0
9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 16:05

28°Dim. 2010.C

 

Frères et sœurs,

 

 

                   Etre lépreux, être tenu à distance, être montré du doigt, voir des gens passer sur le trottoir d’en face, se sentir évité, nous devinons quelque peu la souffrance et l’humiliation de ces personnes affectées par cette maladie. Etre lépreux, à l’époque de Jésus, c’était en quelque sorte être un homme fini, un mort parmi les vivants, un exclu de la société. Dix lépreux donc : de quoi faire fuir toute la population d’un village.

Une petite remarque tout d’abord. Lorsque l’Evangile nous raconte l’histoire de la rencontre des aveugles, des paralytiques, des boiteux, des lépreux qui crient vers Jésus, nous lisons tout bonnement, nous cherchons souvent, et en premier lieu, à trouver le sens spirituel de leur démarche. Et  nous ne prenons pas, le plus souvent, le temps de les regarder, de compatir à leur souffrance et à leur handicap. Compatir vient du latin, cum-patere (= souffrir avec..) Je dis cela parce que, ayant été moi-même ces mois derniers, handicapé,(comme vous le savez) avec une jambe cassée, je ne peux pas, (je ne peux plus) ne pas compatir à la souffrance (je ne sais comment dire), au supplice, à l’affliction, à l’amertume, à l’épreuve d’une personne qui marche ou qui sautille avec des béquilles, ou qui est cloué dans une chaise roulante. Voir un malade, lépreux ou pas, le regard chrétien envers celui-ou celle-là ce doit être un regard de compassion. Compassion : souffrir avec…

 Dans ce passage d’évangile, il nous est donc raconté l’histoire de dix lépreux. Alors ces lépreux prennent un risque. Ils s‘avancent vers Jésus, malgré l’interdiction que leur impose la loi de l’époque, et ils se mettent à crier : « Jésus, Maître prends pitié de nous. » Ils crient. Ils ont soif de lumière, de vie, d’amour, de relations normales. Ils ont peut-être deviné que Jésus n’était pas comme les autres. Les apôtres ne devaient pas se sentir à l’aise en voyant venir ces malades. Pour Jésus au contraire ces hommes humiliés étaient l’image de notre humanité, malade du péché, errant et vivotant sans but, dans la solitude et le désespoir.

Nous connaissons la réponse de Jésus : « Allez vous montrer aux prêtres ». Il faut savoir en effet, qu’à l’époque de Jésus également, selon la prescription du Livre du Lévitique, il revenait aux prêtres de constater la guérison, et d’accomplir la réintégration officielle dans la communauté. Car ces malheureux étaient exclus de la communauté, de peur de contaminer tout le monde. A l’époque, ne l’oublions pas, il n’y avait d’antibiotiques. Par conséquent, le fait de leur dire d’aller se montrer aux prêtres, c’était déjà une promesse de guérison, une guérison commencée. Or sur la route, tandis qu’ils s’avancent, guéris, un seul revient sur ses pas pour dire merci. Notez bien que st. Luc ne dit pas que les neuf autres ont été des ingrats pour n’être pas revenus. Pas du tout ! Ils sont sans doute allés jusqu’au temple de Jérusalem. Mais l’évangéliste note que, un seul a eu l’intuition que Jésus n’était pas n’importe qui, qu’il était plus que le temple, et que c’est vers lui qu’il fallait aller. Jésus l’approuvera. C’est donc sur ce comportement  du Samaritain qui fait demi-tour, c’est là-dessus que l’Evangéliste insiste pour nous faire une catéchèse. Il veut nous faire comprendre quoi ?  Que désormais le seul temple où l’on peut rendre gloire à Dieu, c’est auprès de Jésus et en Jésus..C’est en lui, avec Lui et en Lui, que nous pouvons rendre toute gloire à Dieu

Ainsi donc ce Samaritain, cet étranger, ce païen, apparaît-il ici comme le premier d’une longue chaîne, celle de tous les païens qui paradoxalement vont comprendre plus rapidement que les Juifs qui est Jésus. Plus rapidement aussi, ils entreront dans l’Eglise parce qu’ils auront su reconnaître en lui Jésus le sauveur.

Mais  l’histoire de ce dix lépreux que Jésus guérit, n’est-ce pas un peu aussi le récit de notre propre comportement ? Et ceci à deux niveaux.

Par ex. Il y a des images, des souvenirs, des émotions qui s’imposent à nous quand nous essayons d’identifier des personnes qui ont eu de l’importance dans notre vie : parents, professeurs, amis et bien d’autres personnes encore, qui nous ont aidé à des moments critiques. En pensant à tout ce monde, à qui nous devons tant et tant de choses, nous nous sentons peut-être un peu coupable de ne pas leur dire plus souvent merci. Cela leur ferait tellement plaisir s’ils savaient que nous reconnaissons que c’est grâce à eux qu’on est devenu ce que nous sommes. Finalement ce ne serait pas très compliqué de le leur dire ou de le leur faire savoir. Mais pour Dieu comment faire ?

Quelqu’un disait : « Celui à qui j’ai le plus difficulté à dire merci : c’est Dieu. J’ai beau dire que je lui dois tout, mais ce que je fais en signe d’action de grâces et ce que je dis ne me semble très insuffisant ».  Si ma foi me pousse à servir les autres, à m’engager, à  aimer même quand c’est difficile, à  pardonner même quand c’est difficile, c’est grâce à Dieu. C’est par la grâce de Dieu que j’arrive à faire tout cela. Et tout cela n’est pas une illusion, car en faisant un retour sur soi-même, on s’aperçoit que le dépassement dont on a été capable vient de plus loin que soi, de plus haut que soit. Alors c’est par Jésus que je dis merci,  c’est en Jésus et avec Jésus que je dis à Dieu honneur, louange et action de grâces. Rien est au-dessus de cela.

Il y a autre chose encore. Lorsque nous sommes dans le besoin nous savons trouver le chemin de la prière, et crier : « Jésus Maître prends pitié ! » Et nous sommes exaucés. Or parmi les dix lépreux exaucés,  un seul va entendre « relève-toi, ta foi t’a sauvé.. » Il y a plusieurs chemins vers Jésus : un chemin nous tourne vers lui quand nous sommes dans le besoin ; et un autre nous ramène à lui pour le reconnaître. Beaucoup ne parcourent que le premier. Ils tirent bénéfice d’une grâce reçue. Et c’es tout ! C’est un premier pas. Dieu n’est pas avare de ses dons. Il ne le mesure pas à notre gratitude. Cependant d’autres vont plus loin et deviennent ses disciples.

Vivant dans un monde où l’utilité, la productivité, l’efficacité sont perçues comme des valeurs de première importance, nous risquons, nous les chrétiens, d’être aussi contaminés par cette mentalité du rendement, du profit, de la rentabilité: « la Messe à quoi ça sert ?.. La prière pourquoi faire ? » Contaminés, nous aurions peut-être tendance à ne plus savoir « perdre » du temps pour nous jeter comme le lépreux aux pieds du Seigneur. « Je n’ai pas de temps à perdre ». J’imagine que les autres lépreux  étaient,  eux aussi, très pressés d’aller dire qu’ils étaient guéris, au point d’avoir oublié l’essentiel. Or l’essentiel, du moins pour celui qui est retourné sur ses pas, c’était de ressourcer sa foi et son amour auprès d’un visage, celui de Jésus de Nazareth. Et sans doute, il ne l’a pas oublié. Que Jésus soit pour nous, ce qu’il a été pour ce malade, ce visage qu’on ne peut jamais oublier.

Partager cet article
Repost0
11 juin 2010 5 11 /06 /juin /2010 12:52

11° Dimanche. C. 2010.

Frères et sœurs

                                    J’observais, il y a quelques années de cela, avec beaucoup d’attention, un couple de touristes qui regardaient la mer, ce jour-là très agitée et bouleversée par de très hautes vagues. La femme, plus audacieuse, s’était approchée du rivage, en prenant toutes sortes de précautions, pour ne pas se mouiller, jusqu’au moment où elle reçut une grosse vague en plein visage. Et loin d’être ennuyée d’avoir été ainsi éclaboussée, elle s’était écartée quelque peu du rivage en disant : « Oh ! Mon Dieu ! Qu’elle est salée ! »

Pour nous, les antillais, qui sommes habitués à la mer, nous trouvons cette réflexion étrange et quelque peu (j’allais dire) ridicule, mais la mer s’était révélée brusquement à cette touriste par son goût très salé. Ce jour-là, cette femme était entrée dans la mer de cette façon-là, mais la mer ce n’est pas uniquement cela, son goût salé, c’est encore beaucoup d’autres choses évidemment !

Et bien je voudrais vous faire entrer dans ce passage d’évangile par le goût étonnamment surprenant de ce qu’on peut y trouver, sans pour autant vous laisser croire que c’est seulement cela qu’on peut en dire.

Allons d’abord à l’émotion. Jésus se laisse émouvoir par une femme qui vient se jeter à ses pieds. Avant le raisonnement froid de Simon, il y a quelque chose de profondément humain et émouvant dans l’attitude de Jésus. Le récit en effet nous fait voir Jésus très accueillant à cette femme toute en pleurs qui s’est jetée à ses pieds. Je dis « accueillant », parce que la Loi interdisait la fréquentation de ces créatures de mauvaise vie. L’émotion, c’est d’abord celle que Jésus ressent (que nous ressentons nous-mêmes) en regardant cette femme qui a la foi et l’amour dans son cœur. Elle exprime sa foi,  et son amour par des gestes. Elle s’agenouille, elle pleure, elle essuie les pieds de Jésus avec ses cheveux, elle verse du parfum sur ses pieds etc.. Des gestes qui veulent en dire long sur ses sentiments intérieurs. On peut trouver peut-être cette démonstration exagérée, mais quand on dit « croire », ou « je crois en Dieu », est-ce que cela veut dire : croire uniquement avec son cerveau ? Et bien non! La foi  n’est pas uniquement une simple observance cérébrale des commandements. C’est aussi vibrer d’amour pour Dieu avec son cœur de chair comme ce fut le cas pour tant de saints (St. Jean de la Croix, Ste Thérèse d’Avila, par ex., pour ne citer qu’eux.) A  deux reprises dans l’évangile, (ici dans ce passage et ailleurs), il est dit : « Six jours avant la Pâque, une femme apporte un vase de parfum de grand prix, et le verse sur la tête de Jésus. Judas s’est fâché de ce gaspillage, parce que disait-il, « on aurait pu vendre cela pour un prix intéressant et donner l’argent aux pauvres »..Alors Jésus lui fait la leçon, à lui Judas, comme  à Simon le pharisien. Il y a des gestes qui en disent long sur la foi, et l’amour qu’on a dans le cœur. Il ne faut pas les mépriser. Cela ne veut pas dire qu’il faut être de marbre devant la souffrance, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas être attentif à la misère et à la grande pauvreté des gens. Ce que Jésus veut faire comprendre, ici comme dans l’autre cas, c’est qu’il y a des choses qu’on ne peut dire qu’avec des fleurs, ou qu’avec des pleurs. Laissons-nous aussi envahir par l’émotion : le beau geste, la tendresse, la poésie..Notre religion n’est pas uniquement une affaire de cerveau.

Après l’émotion, il y a les préjugés. C’est ce qui frappe aussi dans cet évangile. Le pharisien pense qu’une soi-disant prostituée ne peut être capable de sentiments vrais : voilà un préjugé. Nous pourrions nommer les nôtres : idées reçues, clichés, lieux communs, simplifications abusives et généralisations douteuses. Un exemple ? Quelqu’un disait : « Les guadeloupéens sont  des fainéants. Quand j’ouvre la télévision, et regarde la Guadeloupe, on les voit toujours en train  de danser, danser.. » Ou encore : « Les enseignants se plaignent mais ils sont toujours en vacances.. » Ce sont des préjugés. Or l’amour, la simple bienveillance, nous oblige à regarder de près avant de juger. Et il arrive qu’on est  parfois surpris..

Après l’émotion et les préjugés, il y a encore quelque chose que j’appellerai « la distinction. » Dans la société on fait attention à la distinction. On fait attention à l’homme distingué. Or il y a beaucoup de gens distingués dans ce repas, à commencer par Simon le pharisien, et sans doute ceux qu’il a invités aussi à partager ce repas. La pécheresse non plus ne manque pas de classe avec son précieux parfum !  Et bien  face à tout ce beau monde, choqué, Jésus dit clairement ce qu’il pense. Médailles, décorations, titres honorifiques et autres signes distinctifs sont peu de choses, par rapport à la vérité de l’être, à la vérité de la personne. Plutôt que les honneurs, recherchons comment nous distinguer dans le bon, le beau et le bien. Chacun de nous est unique. Chacun de nous exprime sa vérité profonde comme il peut. Maintenant posons-nous la question ? Où nous situons-nous dans cet évangile ? Un peu partout sans doute : tantôt avec le visage du pharisien,  tantôt avec celui des invités, tantôt avec celui de la pécheresse. Quoi qu’il en soit, nous ne sommes pas autour de Jésus comme des sujets brillants. Nous ne sommes pas pour lui un entourage glorieux. Pécheurs pardonnés, débiteurs graciés, conscients de notre misère, nous marchons avec lui dans la foi et l’amour. Et c’est là l’essentiel.

Partager cet article
Repost0
28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 15:01

Sainte Trinité. C. 2010

 

 

Frères et Sœurs,

                            Un jour un jeune homme, probablement en recherche, va trouver un ermite. (Un ermite, c’est un moine qui, à l’écart du monde, vit, dans le silence, la solitude, et la prière). Alors ce jeune homme lui dit : « Père, je suis venu pour que tu me parles de Dieu. » Alors le moine le prend par la main et le conduit au bord d’une rivière qui se trouvait par là. Il lui plonge la tête dans l’eau, et le tient fermement pendant un certain temps, jusqu’au moment où ce jeune se mit à bouger, parce qu’il avait terriblement envie de respirer.

« Qu’est-ce que tu as ressenti », lui demanda le moine. « J’étouffais, j’avais énormément envie de respirer », lui répondit le jeune homme. Et bien, poursuit le moine, quand tu auras envie d’entendre parler de Dieu, comme tu as eu envie de respirer, alors je t’en parlerai.

Cette histoire me revient chaque fois en mémoire lorsque l’Eglise célèbre la fête  la Sainte Trinité. C’est vrai : on ne peut pas parler de Dieu, ni entendre parler de Dieu, ni même écouter Dieu, sans envie, sans passion, sans une certaine folie, sans amour. Car Dieu est le vivant. Il ne se communique qu’à ceux qui sont humbles, petits, simples, dénués d’orgueil. « Je te bénis, Père, d’avoir caché cela aux savants et de l’avoir révélé aux tous petits », dit Jésus.  Dieu n’est pas comme un fossile, comme un dinosaure que l’on étudie au microscope. Lorsque l’évangile, dans la bouche même de Jésus, nous révèle que Dieu est Unique en trois personnes, le Père, Le Fils, le Saint Esprit, il ne faudrait pas prendre tout de suite une machine à calculer pour voir comment Un égal Trois, ou Trois égal Un. C’est d’un autre ordre. C’est une autre réalité. Je vous parlais, rappelez-vous, le jour de l’ascension, du langage symbolique à partir de la réponse de  l’enfant qui disait : «  la mort, c’est quand on est « périmée ! » C’est un langage à la fois vrai et faux. Or s’agit-il de Dieu, nous n’en pouvons parler qu’avec un langage symbolique. Nous ne pouvons parler de Dieu qu’avec des mots humains, approximatifs, des mots qui sont comme des balbutiements d’enfants. Cependant parce que nous avons été crée à son image et sa ressemblance, nous pouvons réellement parler de lui avec nos mots à nous. A plusieurs reprises, Jésus nous  parle du Père, de l’Esprit, et lui-même le Fils. Après sa résurrection, il va adresser ses ultimes recommandations aux apôtres, en leur disant notamment : « allez dans le monde entier, enseignez toutes les nations : Baptisez-les au « nom du Père, et du Fils et du St-Esprit. » C’est à partir donc de cette révélation que l’Eglise parlera de Trinité : Un seul Dieu en trois personnes, comme nous l’avons appris au catéchisme. Dieu se révèle lui-même, i.e. qu’il enlève le voile qui le cache. En vérité, Dieu seul parle bien de Dieu. Et c’est pour quoi la Bible, l’Evangile constitue pour nous des points de référence et de véritables archives.

Dieu se révèle comme le Père, i.e. comme nous le disons dans le « Je crois en Dieu », le Père tout-puissant. L’amour créateur. Le Père cela veut dire qu’il est la source, l’origine de toute vie, de toute création. Comme dit st. Paul nous tenons de lui « la vie, et le mouvement, et l’être ». Il se révèle aussi, non seulement comme le Dieu de l’immense création, mais comme quelqu’un de tout proche, si proche qu’il veut communiquer et dialoguer avec nous. Il  n’est pas seulement « Père d’un peuple », mais frère de chacun de nous. Il est le Fils. Il est autre. Mais il n’est pas un autre Dieu.

Il se révèle enfin comme le souffle, comme le vent, comme le feu. Cela veut dire qu’il est insaisissable, immatériel. Il est Esprit. Il est le souffle de vie. Il est autre, mais il n’est pas un autre Dieu. Il se communique. Il se donne. Il est l’amour qui donne, qui se donne et qui pardonne.. La découverte de cet amour nous arrache ce cri : « Abba ! » i.e. papa !

Nos parents nous ont pris par la main, portés dans leurs bras, serrés sur leur cœur. Ils nous ont protégés et consolés. Ils nous ont appris à prendre au sérieux notre destin. La famille est en effet la première et indispensable école de la vie affective. C’est un travail long et lent. Ce travail d’éducation et d’amour, Dieu l’accomplit pour son peuple depuis Abraham jusqu’à nous : « Dieu a voulu que nous soyons ses enfants et nous le sommes en vérité » (1Jn3, 1). Père plein de tendresse, Dieu nous a fait entrer dans sa famille. Par le baptême, « au nom du Père, du Fils et du St-Esprit, » nous avons été engendrés comme ses fils et (pour reprendre une belle parole de Paul) « il fait de nous ses « héritiers, héritiers avec le Christ ».

Jésus nous a tracé dans l’évangile la manière de vivre pour être reconnu comme des fils et des filles de Dieu : « aimez-vous les uns les autres ». Ce n’est pas seulement un commandement à réciter, pas seulement à pratiquer, mais à transmettre comme une valeur, comme le signe de notre appartenance à la vie trinitaire. Car Dieu,( le Père, le Fils, et le St-Esprit,) est amour.

« Dites-le avec des fleurs ! » C’est une publicité que l’on voyait autrefois chez les marchands de fleurs, écrite sur la devanture de leur magasin, un geste que l’on voulait voir mettre en relief à l’occasion des mariages, d’un anniversaire, ou de la fête des mères, et des pères. Pourquoi ? Parce que, on dit plus de choses avec un bouquet de fleurs qu’avec des mots. « Dites-le avec des fleurs ».Comme il y a des paroles symboliques, il y aussi des gestes symboliques. ! Pour dire à Dieu notre amour, nous n’offrons pas seulement des fleurs, nous faisons le signe de la croix, nous nous agenouillons,  nous chantons, nous prions, nous faisons des cérémonies : autant de symboles. Mais le plus grand merci que nous pouvons lui adresser, c’est l’Eucharistie. Il est grand le mystère de la foi ! Un mystère où Dieu nous invite à sa table, où il se donne en nourriture à chacun d’entre nous, un mystère où Dieu nous fait déjà vivre, sur terre, ce qu’il sera avec nous dans son Paradis : Dieu tout ! En tous ! Dieu nous comble de sa joie. Et de son amour,  et de bonheur. Le jour qu’on avait installé des vitraux neufs, dans l’église st. Pierre et St.-Paul, à Pointe-à-Pitre, le maître verrier avait demandé aux enfants du catéchisme de faire un dessin pour exprimer la fête, la joie, le bonheur. Certains enfants ont dessiné des danses, de guirlandes etc. L’un d’entre eux a fait deux personnages l’un face à l’autre. Quand on lui a demandé l’explication, il a dit : « ça c’est mon papa, et ça c’est moi ! Qu’est-ce que ça veut dire ? Ca veut dire que je suis heureux quand il me regarde et que je le regarde. » Voilà une merveilleuse image du Paradis. Au ciel, Dieu nous regardera et nous le regarderons éternellement d’un regard d’amour. St. Augustin raconte qu’un jour, se promenant au bord de la mer, il observe un enfant. L’enfant va et vient, prend de l’eau de mer dans un petit coquillage, et le verse dans un petit trou, et cela à plusieurs reprises. Qu’est-ce que tu fais-là, dit st. Augustin à l’enfant : « Je veux mettre la mer dans le trou ! Et il disparut. » Etait-ce un ange qui aurait fait comprendre à ce saint : «Dieu, c’est comme la mer, et notre intelligence comme un petit trou. Il n’est pas possible de mettre le mystère de Dieu dans notre petite intelligence. » Ce qu’il faut c’est contempler, adorer, et prier…Qu’il soit béni le nom de Dieu, de siècle en siècle, qu’il soit béni !. Amen

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
22 mai 2010 6 22 /05 /mai /2010 15:44

Pentecôte 2010

 

Frères et sœurs,

 

 

                                      Le jour de la Pentecôte, dit l’Ecriture, l’Esprit Saint s’est manifesté comme un violent coup de vent : il est descendu sur les Apôtres sous forme de langue de feu. Et ils se mirent à parler en d’autres langues.. Jusqu’à ce jour-là, Jésus en avait parlé, mais  personne n’avait jamais vu l’Esprit se manifester ainsi. Pourtant, il était toujours présent,   toujours actif mais d’une façon discrète. C’est lui pourtant dont parle la Bible dès les premières pages de la Genèse, (le premier livre de la Bible) où  il est dit : « Le Souffle de Dieu planait sur la surface des eaux.. ». C’est lui que l’Ange Gabriel annonçait à Marie en disant : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre », signifiant ainsi qu’elle allait enfanter le Fils de Dieu. C’est lui l’Eprit qui, comme une Colombe, est descendu sur Jésus le jour se son baptême  dans le Jourdain. C’est lui que Jésus a envoyé sur ses apôtres après sa résurrection, lorsque, soufflant sur eux, il leur disait : « Recevez l’Esprit Saint, les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez ». C’est lui que Jésus avait promis aux Apôtres le jour de l’Ascension, comme « la force d’en haut,  le Paraclet, l’Avocat, l’Assistant qui les conduirait dans la vérité toute entière, et leur donnerait de se souvenir de tout ce qu’il avait dit et enseigné. . »

C’est lui encore qui, tout au long de l’histoire du peuple de Dieu avait suscité les patriarches et les prophètes, fortifié les martyrs, et les confesseurs de la foi. C’est lui, enfin, l’Esprit du Père et du Fils, que nous-mêmes avons reçu au baptême et à la confirmation et qui nous donne aujourd’hui d’oser appeler Dieu « Père ».

L’Esprit de Pentecôte fait sortir les Apôtres du Cénacle où ils étaient enfermés en attente. Cette sortie des murs du Cénacle a une signification : c’est une naissance. C’est la naissance de l’Eglise. L’Eglise est engendrée et pousse comme un cri d’enfantement par la bouche de Pierre : « Jésus de Nazareth, Dieu l’a  ressuscité d’entre les morts : nous en sommes témoins. » St. Cyrille de Jérusalem (4° siècle) dans une homélie, commentant la parole de Jésus « l’eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante  pour la vie éternelle. » disait à ses fidèles : « Pour quelle raison le don de l’Esprit est-il appelé une « eau » ? C’est parce que l’eau est à la base de tout ; parce que l’eau produit la végétation et la vie ; parce que l’eau descend du ciel sous forme de pluie ; parce qu’en tombant sous une seule forme, elle opère de façon multiforme. Elle est différente dans le palmier, différente dans la vigne, elle se fait toute à tous. Elle n’a qu’une seule manière d’être, et elle n’est pas différente d’elle-même. La pluie ne se transforme pas quand elle descend ici ou là mais, en s’adaptant à la constitution des êtres qui la reçoivent, elle produit en chacun ce qui lui convient. »

De la même manière, L’Esprit-Saint est à l’œuvre dans l’Eglise « distribuant ses dons à chacun selon sa volonté ». Par le baptême et la confirmation, il régénère sans cesse les baptisés au cœur de ce monde, créant en eux des énergies nouvelles pour servir et témoigner. Nous voyons encore l’Esprit qui agit dans la confection des sacrements, tels que par ex. dans l’Eucharistie où  le prêtre étendant les mains sur les offrandes  dit : « Envois Seigneur ton Esprit sur ce pain et ce vin, afin qu’ils deviennent le corps et le sang de ton Fils. »

 A notre époque où ce qu’on appelle « la modernité » donne à penser que l’Eglise est caduque et dépassée, ses ministre discrédités, la foi ridicule, Dieu inutile et sans intérêt, l’Esprit réveille toujours le courage, le témoignage missionnaire des communautés chrétiennes, fragilisées par la peur ou tentées par l’immobilisme.

Une revue scientifique a fait état récemment d’une expérience absolument extraordinaire et inédite : des savants ont réussi à réanimer une bactérie endormie dans l’ambre depuis 40 millions d’années !..C’est une formidable prouesse ! Or, sur un tout autre plan, l’Esprit Saint est capable d’infiniment plus : ressusciter, ranimer,  raviver notre dynamisme éteint, réveiller notre générosité atrophiée ou anémiée.

L’hymne du jour de Pentecôte (que nous avons dans nos livres de messe) est un vibrant appel à l’Esprit.

« Lave ce qui est souillé ». Souffle de Dieu, plus puissant qu’un ouragan, viens laver nos cœurs de nos impuretés, et nous désintoxiquer de nos pollutions.

« Baigne ce qui est aride ! Esprit de Pentecôte, viens féconder nos terres intérieures, nos cœurs desséchés, craquelées et rendues stériles par nos péchés.

« Guéris ce qui est blessé ! » Esprit de Pentecôte, viens panser nos blessures, réparer en nous ce qui est cassé par l’échec, le découragement, le désespoir, et nos rancunes.

« Assouplis ce qui est raide ! », viens redresser ce qui est tordu, ce qui est erroné et extravagant, ce qui est bêtise et folie, toutes ces déviations qui sont nées de nos superstitions, de nos magies,  de nos maléfices, de nos pratiques occultes. « Assouplis ce qui est raide », viens dégeler nos vieilles attitudes rebelles et orgueilleuses, nos refus d’aimer, de ne pas pardonner, nos refus de plier et de changer de mentalité.

Ce que l’Esprit a fait pour toi, Jésus, il peut le faire pour nous. Il est à l’origine de ton corps en Marie. Il  féconde le pain et le vin eucharistiques pour nous nourrir et faire de nous des membres de ton Corps. L’Esprit qui a été sur toi pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres, libérer les captifs, ouvrir les yeux des aveugles,  qu’il soit avec nous pour continuer ta mission dans le monde. Donne-nous la docilité pour l’accueillir, et nous laisser conduire par lui. Et alors, nous goûterons par elle la joie de la vie nouvelle. Amen

Partager cet article
Repost0
15 mai 2010 6 15 /05 /mai /2010 17:02

7° dimanche de Pâques.C.2010

 

 

Frères et Sœurs,

                                      Cet évangile est une prière de Jésus. Et cette prière contient plusieurs demandes. D’abord l’unité. « Qu’ils soient un comme toi Père tu es en moi et moi en toi. Qu’ils soient un en nous.». Jésus demande au Père, l’unité pour ses disciples, comme une grâce qu’il nous a déjà  acquise au prix de son sang. Mais nous avons encore  à recevoir cette unité. C’est par la fidélité à la Parole, par  l’enseignement de Jésus, par la grâce de l’Esprit-Saint,  que nous découvrirons le mode d’emploi pour vivre cette unité.je dis « mode d’emploi », parce que cette unité-là est autre chose et plus qu’une simple fraternité. « Que cette unité soit parfaite !».Or elle n’est parfaite qu’en Dieu. Nous imaginons parfois cette unité-là comme sorte forme de réalisation communautaire qui consisterait à marcher d’un même pas comme des soldats. Il n’en est pas question ! Ce n’est pas autour de nous que se fait unité, mais en Dieu.

L’Eglise a survécu et vit aujourd’hui parce qu’une multitude de croyants ont accueilli et accueillent le don de l’unité contre toutes les forces de division. Aujourd’hui encore,  les chrétiens prient ensemble, se rencontrent,  et non pas peur de dialoguer avec audace, et cela à la lumière de l’évangile,  sur des sujets d’actualité. Nous n’avons pas toutes les réponses. Mais l’Esprit soutient notre combat  et nous unit dans le témoignage d’une même foi. Malgré les persécutions, les ruptures que l’Eglise a connues, et connaît encore, les chrétiens ont reconnu et reconnaissent la voix de leur pasteur.

Après l’unité, dans un autre passage de st. Jean, Jésus demande la joie pour ses disciples. « Qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés ». Dans les évangiles, cette joie affleure sans cesse en surface : joie d’aimer le Père et de se savoir aimé par lui ; joie de l’amitié et de la convivialité avec tous les frères ; joie de constater la foi et la générosité de ceux que l’on rencontre ; joie même dans les épreuves que connaît l’Eglise.

L’Eglise, d’ailleurs, n’aurait pas survécu sans le témoignage de la joie des croyants. L’Evangile est une Bonne nouvelle qui se dit avec la joie dans le cœur ou sur les lèvres d’un chrétien ou d’une communauté, même si cette joie n’est pas explosive. Dimanche dernier, par ex., à l’occasion du 1° congrès du Renouveau Charismatique, je célébrais la Messe pour des nombreux fidèles réunis. Combien ils étaient ? Très nombreux ! Sans doute 3.000 ! Ce qui m’a frappé, c’est leur joie ; et leur joie surtout, de se savoir unis et porteurs de la Parole  de Jésus-Christ. Cela dit, il faut ajouter que la joie de la Parole ne gomme pas nos différents. Beaucoup de ceux que nous appelons les saints,  qui nous sont proposés en exemple et qui ont été martyrisés avec la joie au cœur, pas la joie superficielle, épidermique, mais avec cette joie spirituelle inexprimable et indicible dont  st. Paul dit justement qu’elle est une grâce de l’Esprit-Saint. Et puis quand nous sommes rassemblés pour célébrer l’Eucharistie, n’est-ce pas un moment de joie aussi d’avoir été invité à partager le repas du Seigneur ?. C’est du moins comme cela que je le comprends. Je disais ces jours derniers dans mon homélie: que je comprends hélas !que des chrétiens qui viennent à la messe s’y ennuient. Ils baillent, ils trouvent le temps long, ils tapent parfois sur leur  montre pour voir si elle ne s’est pas arrêtée.. Pourquoi tout ça ? parce qu’ils n’écoutent bien pas la Parole, parce qu’ils n’ouvrent pas la bouche pour chanter, pour prier, même pas pour répondre « amen ».Tenez ! Je regardais jeudi dernier au cours de la messe de l’Ascension quelqu’un qui, du début à la fin de la messe, n’a jamais fait, pas même un petit signe de croix.

L’autre  prière de Jésus est une demande de  courage pour les disciples qu’il envoie en mission  « J’ai vaincu le monde dit Jésus ». St. Jean présente la mission de Jésus, dans son évangile, comme un combat de la Lumière contre les forces du mal. Nous  aurons à lutter, comme eux, contre toutes les puissances du mal et du péché. Or dans notre lutte contre le mal, nous ne sommes pas seuls. Il ne faut pas par conséquent baisser les bras, parce que le Christ a prié pour nous. « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là,(dit Jésus) mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi. » Je dis cela tout particulièrement, Frères et Sœurs, pour les personnes éprouvées dans leur foyer, dans leur vie conjugale, dans leurs enfants qui se droguent ou qui sont délinquants. La victoire nous est acquise si nous nous appuyons sur la foi. D’ailleurs  st. Pierre disait : « le démon rôde autour de vous comme un lion qui cherche à vous dévorer, résistez-lui dans la foi.. »

Frères et sœurs entre l’ascension et la Pentecôte, comme les premiers disciples, d’un seul cœur, nous sommes invités à guetter les signes de la venue de l’Esprit. Durant ces jours qui précèdent la Pentecôte, branchons-nous donc sur la prière de Jésus. Qu’il augmente en vous, en nous tous, la Foi, l’espérance et la charité. Amen

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
1 mai 2010 6 01 /05 /mai /2010 16:27

5° dimanche de Pâques.2010

Frères et sœurs,

 

                                               Le devoir d’aimer Dieu et d’aimer son prochain se retrouve évidemment presque à chaque page de l’Evangile. Dans une conversation entre le Cardinal Philippe BARBARIN, évêque de Lyon, et Gilles BERNHEIM, grand Rabbin de la Synagogue à Paris,  une chose m’a frappé. Le Rabbin disait, à peu près ceci: « Quelquefois dans les Saintes Ecritures, Dieu nous demande d’accomplir tel commandement.. Nous ne devons pas  d’emblée chercher à comprendre pourquoi ? Il faut d’abord faire ce qui est commandé, et après, chercher comprendre. »  Ainsi dans la Bible, le Seigneur nous commande d’aimer notre prochain, de nous aimer les uns les autres, comme le dit l’Evangile de ce jour(Jn 13 : 31-35) et même nos ennemis. On rencontre aussi ce commandement, dans le Boudhisme, et également chez les philosophes de l’antiquité. Je me rappelle un jour au cours d’un repas, où il y avait une jeune Vietnamienne, une discussion  a eu lieu entre les invités sur le fait de savoir  ce qui caractérisait  le christianisme, ce qui le distinguait des autres religions. Tel invité disait ceci, tel autre cela, tel autre encore, une autre chose.. Quand, en dernier lieu, la parole a été donnée à la jeune vietnamienne, elle a dit à peu près ceci : « Je suis une jeune fille asiatique. Nous avons, nous les vietnamiens, le sentiment que notre culture est inégalable, et que rien ne peut la surpasser. J’ai été élevé dans le Boudhisme, j’ai été une grande et fervente pratiquante du Boudhisme. Et je me suis convertie à la religion chrétienne. Ce que j’ai découvert de tout à fait particulier dans la foi chrétienne, c’est que « Jésus nous demande non pas seulement de nous aimer, mais de nous aimer comme lui nous a aimés. Et lui a aimé même ses bourreaux, même ses ennemis. Les Américains nous ont fait une guerre qui a ravagé notre population, dévasté nos villes, détruit nos maisons. Ils nous ont laissé sur notre terre leurs tanks, leurs canons, leurs vieux camions, leurs autres engins de guerre. Nous les avons recouverts de terre, et avons planté dessus des fleurs, des plantes et toutes sortes d’arbres. » Le témoignage de cette jeune fille a été suivi d’un grand silence, je dirais même un silence religieux.

Il y a deux choses particulières, tout-à-fait singulières, qui fondent la nouveauté du commandement de Jésus : il en fait premièrement un commandement semblable à celui d’aimer Dieu, et deuxièmement, un commandement qui concerne tout homme , sans limites et sans frontières.

Mais la nouveauté la plus radicale du commandement du Seigneur est sans nul doute l’exigence d’aimer le prochain à la manière de Jésus, avec la même humilité, la même volonté de service et le même don de soi que lui. Jésus nous hisse ainsi à un sommet, à une hauteur qui nous arrache quelque peu à la condition humaine. La condition humaine, c’est  l’habitude que nous avons de porter notre regard pas trop loin de notre ombre, l’habitude que nous avons de faire du bien à ceux qui nous en font, d’accueillir  les gens qui nous aiment et que nous aimons, etc. C’est comme ça ! Quand Jésus nous dit : « comme je vous ai  aimés, aimez-vous les uns les autres », cela veut dire à la dimension et à la mesure de son amour. Nous sommes loin d’un vague sentimentalisme ou d’une théorie philanthropique. Il s’agit donc d’aimer l’étranger qui  n’a pas la même peau que moi, qui ne parle pas la même langue que moi, l’homme ou la femme qui se noie dans ses faiblesses et ses erreurs, l’ adolescent qui est en rupture  avec ses parents ou qui est sur la pente de la délinquance.

On nous fait souvent des reproches « qu’on ne vit pas assez l’évangile. Vous allez à la messe, vous priez, mais vous êtes toujours loin des paroles que l’évangile vous commande.. » C’est vrai ! Mais c’est vrai aussi que tout au long de l’histoire de l’Eglise, il y a eu des saints et des pécheurs, des bons et des mauvais chrétiens. Des héros même ! Et l’Eglise est tellement prudente, qu’elle ne canonise jamais quelqu’un avant sa mort ! Et d’ailleurs,  disait Jésus : le Royaume de Dieu est comme un filet qui ramasse toutes sortes de poissons,  bons et  mauvais. Mais, il appartient à Dieu seul de faire le tri..  Quelqu’un(à qui on faisait le reproche de ne jamais venir à la Messe dominicale) disait : « Moi, je ne viens pas à la messe, parce que je veux pas m’asseoir à côté des traitres, des hypocrites : je préfère rester chez moi ; d’ailleurs ce ne sont pas ceux qui vont à la messe tous les jours qui sont les meilleurs ! » Que de fois nous avons entendu ça !…  « Bien ! Tu t’es déjà classé parmi les chrétiens d’en haut, tu ne veux pas te mélanger avec les chrétiens d’en bas, tu ne t’estimes pas pécheur, tu t’estimes  au sommet.  Tu t’es déjà canonisé toi-même. Tu n’attends plus donc que la couronne de gloire, celle que tu estimes avoir méritée et  que Dieu te donneras ».Hélas ! Cela me rappelle un peu la parabole du pharisien et du publicain : Le pharisien disait : « Mon Dieu, regarde-moi, je ne suis pas comme les autres hommes, voleurs, menteurs, adultères, je fais ceci, je fais cela ! » Le publicain, lui, n’osait même pas lever les yeux vers le Seigneur, il disait : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! » Et l’évangile de conclure: « ce dernier retourna chez lui justifié », i.e. pardonné.

Si en Christ, nous croyons que tout homme est un frère à aimer, n’en oublions pas pour autant notre prochain le plus proche. Ce prochain-là est celui ou celle qui partage notre quotidien, celui ou celle que précisément nous avons le devoir d’accompagner, de faire vivre, de protéger et de rendre heureux : le conjoint, les enfants, les parents, les voisins de quartier ou d’immeuble. Il est vital aussi que les chrétiens s’aiment entre eux, surtout au sein de communautés chrétiennes qui les rassemblent pour la prière et le partage eucharistique. Nous devons nous soutenir, nous entr’aider, nous témoigner solidarité et réconfort, comme nous le pouvons et dans la mesure où nous le pouvons. Ce n’est pas toujours facile ! « C’est à ce signe qu’on vous reconnaîtra pour mes disciples » dit Jésus. Nous avons, il est vrai, d’autres signes extérieurs de notre Foi,  des signes sacramentels et liturgiques, qui expriment notre appartenance au Christ et à l’Eglise, mais comprenons bien que ces signes-là ne seront vrais et authentiques que dans l’amour, tel que l’Evangile le requiert.

 

Partager cet article
Repost0