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6° Dimanche. A.2011.

 

Frères et sœurs,

                                   J’ai eu l’occasion de vous dire que Mathieu, l’évangéliste, écrit son Evangile aux Juifs ses compatriotes. Il sait que ses compatriotes connaissent bien la Bible, et connaissent bien la Loi de Moïse. Il sait par conséquent que Moïse, pour eux,  est un législateur insurpassable. Alors, Mathieu va leur annoncer Jésus comme un nouveau Moïse, comme, un super législateur. Son fameux sermon sur la montagne débute ainsi :« Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus sur la Montagne.. » Mathieu évoque de façon symbolique le Sinaï, la montagne où Moïse avait reçu la Loi.. Toutefois présenté comme le nouveau Moïse, Jésus n’est pas « nouveau » en ce sens qu’il révolutionne tout, qu’il abolit la Loi. Non ! Car Jésus lui-même dira : « Je ne suis pas venir abolir mais accomplir », i.e. parfaire la Loi, l’achever, l’amener à son sommet. Concrètement c’est le commandement de l’amour de Dieu et du prochain qui, dit Jésus, contient toute la Loi et les Prophètes. C’est le sommet de la nouvelle Alliance. Nous sommes le peuple de la Nouvelle Alliance. St. Paul parle d’ailleurs de l’Eglise comme l’Israël de Dieu.

Mais ce premier commandement de l’Amour  n’efface pas tous les autres. Au contraire. Les autres commandements existent bel et bien avec leur contenu propre. Jésus avec une tranquille, mais souveraine autorité, dépasse la législation de l’ancienne Alliance. « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens.. Eh bien moi, je vous dis. »  La morale que Jésus annonce, dans ce sermon sur la montagne, va plus loin que la prohibition du meurtre et de l’adultère. Pour Jésus le respect du prochain exclut même l’insulte, la convoitise, la répudiation.

Les cas envisagés par Jésus sont autant de dépassement de la morale reçue à son époque. Jésus n’abolit pas cette morale-là, mais il l’accomplit, il la mène à sa perfection. La loi mosaïque, et sans doute les commentaires des Rabbins Juifs, avaient souvent dégénéré en une multitude d’obligations et d’interdictions hypocrites qui avaient fini par faire oublier la signification dynamique de cette  loi : i.e. l’appel à vivre dans liberté de l’amour. Au risque de choquer ceux qui s’étaient érigés en maître de la véritable interprétation de cette loi, Jésus n’hésite pas à la reformuler en en faisant jaillir les exigences radicales. L’appel à aimer ne saurait être édulcoré. Il doit saisir l’homme jusque dans ses profondeurs.

Pour arriver à l’amour véritable que veut susciter la Nouvelle Alliance, gravée non plus sur les tables de la Loi, mais dans le cœur des croyants, il faut passer à un affinement de nos mentalités et de nos vieilles mœurs. « Vous avez appris.. Eh bien moi, je vous dis.. » Cette revendication du Christ a dépasser toutes les morales, y compris la loi transmise par Moïse, ne pouvait pas ne pas surprendre et même choquer les pratiquants juifs. Un exemple : « Combien de fois, demande l’Apôtre Pierre, à Jésus, dois-je pardonner celui qui m’a offensé ? Dois-je lui pardonner sept fois ? ». Jésus répond : « Je ne te dis pas sept fois, mais soixante dix fois sept fois.. » Alors, (comme s’il élevait les bras au ciel par surprise, par étonnement) Pierre continue : « Seigneur, augmente en nous la Foi »..

L’appel au dépassement que Jésus lance à l’humanité n’est pas cependant hors de notre portée, puisque lui-même Jésus s’engage, dans la toute puissance de son amour divin, à nous entraîner, nous soutenir, nous pardonner.

Recevons l’appel du Christ à vivre le sérieux de nos engagements dans le mariage par exemple et dans toute parole donnée avec confiance : Jésus aussi s’engage à nous aider.

Je crois en Dieu, disons-nous, chantons-nous. Mais Dieu croit aussi en moi. Alors que je me désespère de ne pas pouvoir aller ou monter jusque là, Jésus me croit capable d’un tel don de moi-même qui soit sans retour. Sans crispation non plus : Jésus par cet appel au dépassement ne veut pas nous condamner au désespoir, par exemple après un échec malheureux en mariage ni disqualifier des couples divorcés remariés qui essaient de vivre un amour vrai. Nous sommes comme des gens qui voient dans un trou, Dieu voit dans l’espace immense , Dieu voit dans l’espace de l’univers. La morale de l’Evangile n’est pas une prison, mais une source de renaissance continuelle. Je terminerai par vous faire partager une bonne nouvelle que j’ai entendue et que vous avez sans doute vue à la Télévision. Il s’agit d’un homme qui a fait un film sur une aventure qui lui est brusquement arrivé et qui est actuellement projeté sur les écrans Métropole. Cet homme, loin de toute relation avec l’Eglise et avec des chrétiens, s’est vu soudain interpellé par une parole entendue de la bouche d’un prêtre au cours d’une séance de catéchisme où il se trouvait avec son fils : « Qui a envie d’être aimé ? » Il a levé le doigt. Cette parole a fait tilt en lui. Il raconte qu’il a senti en lui comme un feu. Pour témoigner, il a donc fait ce film intitulé justement « Qui a envie d’être aimé ? » Cette conversion me permet de répondre à une inquiétude, ou à une question, que nous portons en nous tous. St. Augustin d’ailleurs  l’avait ressenti, et se l’était déjà posé  en ces : « Mon cœur est inquiet. Il n’aura de repos qu’en Toi, Dieu seul ! » En effet, Frères et sœurs, ni la politique, ni l’économie ne peuvent nous rendre heureux et nous donner la paix. Entre les deux, il y a comme un grand vide. Qui peut le combler ? Dieu seul, avec l’immense et l’exigeante amour, auquel que Jésus nous invite. Amen

 

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